Les Jumeaux (Legende)

Auteur: sigaud_at_...
Date: Tue, 02 Oct 2001 13:38:10 -0000


Hello,

ca faisait qq temps que je jouais avec l'idee suivante et les discussions sur Yelmalio m'y ont fait repenser. Desole si la mise en page n'est pas superbe, comme toujours le passage d'un logiciel a un autre mange un peu les retours-chariot.

Les Jumeaux (Legende Elmali)

Durant l'Age Stagnant, Yelm le Mauvais Empereur regnait sur tous et sur tout d'une poigne doree : le rire n'existait pas, pas plus que le vent ou les nuages sacres. L'ordre etait absolu et nul ne pouvait changer son role car tout etait determine par la volonte de Sa Trop Lumineuse Majeste. Le Mauvais Empereur dirigeait depuis le Palais d'Or et de Cristal, au plus haut de l'Aiguille elle-meme. Il etait servi d'une maniere abjecte par une cour qui repondait a ses moindres desirs, sans oser critiquer Sa Brillance. Mille concubines imperiales, mille cuisiniers et mille fois mille serviteurs satisfaisaient ses moindres envies.

C'est dans le Harem de Lumiere que naquirent les deux freres, des jumeaux. Enfantes par le Mauvais Empereur lui-meme, on leur donna des noms honorant leur geniteur : Yelmalio pour l'aine, Elmalio pour le second, destine a servir son frere. Car telle etait la Loi et telle etait leur destinee, prevue et ecrite par leur pere sur son Trone d'Or et de Feu.

Tres vite, les deux freres se revelerent tous deux d'excellents guerriers, comme il convenait aux fils du Monarque Parfait. Cavaliers intrepides, archers hors du commun, aimes des chevaux et des hommes [1], ils repondaient à toutes les attentes de leur pere. Yelmalio, designe Aine par la grace de son pere etait celui a qui revenaient les postes de commandement : c'est a lui que son flamboyant pere donna les fameux Piquiers Celestes et les Douze Phalanges Rayonnantes. Elmalio, plus discret comme le demandait son education resta en arriere, servant son frere comme conseiller et fidele second. Il supporta les brimades que son frere lui infligeait, car il pensait alors que cela etait juste et bon. Ainsi en avait ordonne l'Auguste Maitre de la Creation.

Vint alors Orlanth, le Jeune Vent, impetueux maitre des tempetes. Il etait encore sans tribu ni epouse et fut mal recu par le Mauvais Empereur car il n'obeissait pas a l'ordre des choses selon Yelm. De nombreuses fois il vint, de nombreuses fois il defia l'Empereur, jusqu'a ce qu'il arriva avec Mort. Il tua Yelm, le precipitant dans les Tenebres Eternelles. C'etait le debut de l'Age des Tempetes, que nous celebrons encore de nos jours.

La Cour de Lumiere fut bien sur bouleversee par l'acte d'Orlanth, mais nul ne pu l'attraper et il fonda bientot son royaume et sa tribu, attirant a lui des dieux venus des Six Directions. Pour la premiere fois, la Tribu du Ciel n'avait plus de chef. Personne pour donner les ordres, personne pour ordonner le monde. Nul dieu ne repondit a leur appel : les autres freres de Yelm sont par trop distants ou impropres a diriger. Bientot, les Capitaines Stellaires se disputaient avec arrogance la possession du Trone d'Or et de Feu. Yelmalio n'etait pas en reste, soutenu encore par son fidele frere. Mais, pour la premiere fois (car l'acte d'Orlanth crea de nombreuses Premieres Fois qui changerent le monde) il reflechissait a la vie qu'il menait et a sa destinee, depuis toujours ecrite dans l'or. Et, regardant autour de lui il ne vit pas l'honneur et la justice qu'on promettait au peuple, mais arrogance et mesquinerie. Mais Elmalio etait genereux et prudent et il decida de rester encore avec son frere. Car, surement, tout ce desordre ne venait que de l'absence du Divin Monarque ? S'il suivait Yelmalio, le plus beau, le plus courageux et le plus honorable des fils de Yelm, alors tout serait pour le mieux ? Surement ?

Mais tout n'alla pas pour le mieux.

Bientot des rumeurs arriverent aux oreilles de Yelmalio : le Peuple Tenebreux, les uz devoreurs, enfantes par l'obscurite immonde dans des gouffres sordides etait sorti des Enfers. Il partit en guerre pour proteger la Tribu du Ciel, suivi par son fidele frere. Longuement ils combattirent et souvent il repousserent les uz et leurs noirs demons. Mais de partout ailleurs des ennemis apparurent, profitant du desordre qui regnait sur le monde : le Peuple de l'Hiver tendit ses doigts glaces vers les riches champs de ble, le Peuple Logique amena ses chevaliers et leur etrange magie, les barbares des Tempetes etaient partout, frappant l'Empire de toute part et gagnant souvent.

Durant toute cette periode, Yelmalio et Elmalio protegerent leur peuple, luttant pour les innocents et les opprimes. Ils etaient feroces avec leux ennemis, genereux avec leurs proches, honorables avec leurs egaux. Mais peu a peu, une faille grandit entre les deux freres. La ou Elmalio pronait de temps a autre la discussion, Yelmalio voulait la mort. La ou Elmalio voulait proteger avant tout, Yelmalio voulait attaquer. La ou Elmalio parlait d'une nouvelle voie, Yelmalio ne voulait rien savoir, attendant le retour de Yelm. Plus les choses empiraient et plus la difference entre les deux freres s'elargissait. Mais Elmalio etait le benjamin, et comme tel tenu d'obeir a son frere. Il le fit sans rien dire, mais il se mit de plus en plus a faire une chose interdite chez le Peuple du Ciel : penser.

Un jour qu'il etait en patrouille Elmalio croisa une mince femme toute de blanc vetue, poursuivie par une immonde chose, une de ces creatures que le Chaos engendre. Les cavaliers d'Elmalio chargerent et prirent d'assaut la creature. En quelques instants elle fut vaincue et Elmalio s'appretait a la tuer lorsque la Blanche Deesse lui posa une main sur le bras.
- Lumineux guerrier, retient ton arme, car cette creature ne merite
que notre pitie et pas notre haine. Ne vois-tu pas qu'elle souffre plus que nous ?
- Que dis-tu donc, femme ! C'est le Chaos et le chaos ne merite que la
mort !
- Mais tuer engendre la haine dans ton coeur. Et la haine engendre la
violence, puis la mort. Ne vois-tu pas que si tu la tues, tu meneras la haine chez toi et que le Chaos aura gagne ?
- Je ne veux point ecouter tes gemissement de femme, femme !
Et il tua la creature sans fremir.
La Blanche Deesse le regarda longuement sans rien dire, puis posa de nouveau sa main sur son bras. Sentant une douce chaleur, Elmalio retira sa main.
- Femme ! Que m'as-tu fait ? Explique toi et craint mon courroux !

Ses soldats en parlerent a Yelmalio qui sermonna son frere. Mais Elmalio n'etait plus aveugle par sa propre lumiere et il vit que son frere etait empli de depit. Comme il l'aimait encore, il continua de le servir.

Plus tard, alors que des hordes d'uz attaquaient des villageois, Elmalio partit avec ses troupes pour les proteger. Quel ne fut pas sa surprise de voir parmi eux une jeune femme rousse comme les braises et dont la lance frappait les uz plus vite que ne tombe la grele d'Helemakt. Elmalio s'approcha d'elle et lui dit :
- Femme rousse dont j'ignore le nom, va donc te refugier avec les
autres femmes et laisse nous proteger ce village.

La jeune guerriere le regarda droit dans les yeux, sans les baisser doucement comme toutes les femmes de la Tribu du Soleil doivent le faire.
- Je suis Vinga aux pieds legers ! Vinga Fille d'Orlanth ! Je me bats
aussi bien que toi sinon mieux, gueule doree ! Affronte plutot les uz que de perdre du temps a lutter contre l'evidence !

Elmalio manqua de s'etouffer de colere devant l'impudence de cette femme, mais elle bondit parmi les uz et il bondit a sa suite pour la defendre. Et force lui fut d'admettre que cette jeune deesse se battait fort bien. Plusieurs fois au cours du combat ils se retrouverent dos a dos et se sauverent la vie, car les uz etaient nombreux.
A la fin du combat, Elmalio partit sans rien dire, laissant Vinga s'occuper du village et leur parler du Roi des Tempetes.

Ses soldats maugreerent et en parlerent a Yelmalio qui tanca vertement son frere. Mais Elmalio ne dit rien et vit que son jumeau n'etait plus son jumeau. Fige dans l'Or, il ne pouvait plus bouger et changer alors qu'Elmalio se prenait a sentir le vent sur son visage.

Il advint que la Tribu du Ciel lanca un grand assaut contre la Tribu des Tempetes. Prenant de nombreux captifs sous les ordres de Yelmalio, ils revinrent avec ces esclaves dans leurs chaines d'or et les forcerent a travailler dans les champs celestes. Mais Elmalio sentit que cela n'etait pas bon. Il alla voir son frere et lui dit :
- Ne sens tu pas que ces gens ne sont pas nos vrais ennemis. C'est la
haine qui t'aveugle !

Yelmalio pinca les levres et devint incandescent :
- Pitoyable copie de moi-meme ! Ce ne sont que des barbares sans loi !
Il vaut encore mieux pour eux travailler dans nos champs, nourrissant nos guerriers qui versent leur sang pour l'Honneur et la Justice ! Je te trouve bien etrange. Tu me sembles avoir oublie la Brillance qui etait tienne a ta naissance ! Tu as oublie le visage de notre pere !

Et Yelmalio fit venir les captifs et les tua tous sauf une. Il se tourna vers son frere et lui tendit sa lance ensanglantee :
- Prouve moi donc que ton coeur est fort et ton ame est pure ! Tue
donc cette femme !

Elmalio regarda la captive etendue a ses pieds et repondit ainsi a celui qui n'etait plus son frere :
- Je vais effectivement suivre ce que me disent mon coeur et mon ame.

Il prit la lance des mains lumineuses de Yelmalio et se pencha vers la captive. Mais au lieu de la tuer, il la prit soudain dans ces bras, sauta sur son cheval et s'enfuit avec elle, poursuivi par les hurlements de Yelmalio et de la Tribu du Ciel. Repudiant son frere, Yelmalio lanca ses meilleurs guerriers a ses trousses. Longue fut la poursuite et grandiose la bataille et encore de nos jours on voit des traces brulees a certains endroits, qui sont les marques des coups qu'ils se porterent. Mais Elmalio, excellent guerrier tout autant qu'il fut, ne put vaincre tout ces adversaires. Il finit blesse et chuta lourdement de sa monture. Il leva son visage sanglant vers la jeune captive et lui dit :
- Belle inconnue, fuit donc et rejoint ton peuple. Je ne peux plus
rien pour toi !

Mais la belle ne s'enfuit pas. Alors que la terre grondait sous les sabots des derniers cavaliers encore a leurs trousses, elle se retourna et parla d'une voix forte dans la langue des chevaux. Et les montures des guerriers du Ciel s'arreterent et tendirent l'oreille. Insensibles aux coups de leurs cavaliers, ils ecouterent ce que la jeune deesse leur declara. Soudain, il ruerent et se cabrerent et bondirent tant et si bien que les Cavaliers Celestes se retrouverent avec leurs posterieurs dores dans la poussiere. Les chevaux trotterent alors vers la jeune deesse qui leur promit de les prendre dans la Tribu des Tempetes. Elle se pencha alors vers Elmalio agonisant au sol et le hissa d'un bras en travers de sa selle (car fortes sont les femmes des Tempetes).
- Laisse moi donc, lui dit Elmalio. Je ne suis pas de ton peuple et tu
ne peux rien pour moi. Je mourrais heureux, sachant que j'ai enfin fait ce qui est juste.

Mais la jeune femme le regarda avec un sourire et ecarta une meche de cheveux du front d'Elamlio.
- Beau guerrier, ce serait une honte de te laisser mourir.
Accroche-toi a la vie comme tu t'accroches a ta selle.

Lorsqu'Elmalio se reveilla, il vit penche sur lui la Blanche Dame. Elle se redressa et annonca a la ronde :
- Il va mieux. Je pense qu'il survivra.

Plissant les yeux, Elmalio vit qu'il etait dans une grande maison toute de bois, aux poutres peintes de symboles des Tempetes. La foule se pressait autour de lui et il reconnu la rousse deesse Vinga et la belle inconnue qui l'avait sauve parmi les gens presents. Une voix forte domina le tumulte et Elmalio reconnu le grondement de tonnerre qui est la parole d'Orlanth.
- Alors, que m'a-t-on dit ? Qu'on m'avait ramene ma fille ?

La foule s'ecarta et Orlanthi lui-meme vint se pencher au dessus d'Elmalio.
- Tu m'as l'air en bien mauvais etat, mon garcon. On m'a dit que ma
fille t'avait capture. Est-ce vrai ?

Et tous les Freres Tonnerre de rire, d'un rire comme une grande tempete qui fracasse les arbres. Dans le tumulte s'eleva la voix de la belle inconnue.
- Non pere, point capture. Ce beau guerrier m'a sauve de son frere qui
lui demandait de me tuer comme il avait tue les autres captifs !

Une grand silence se fit ou l'on entendit gronder au loin le tonnerre. La barbe d'Orlanth gonfla et une odeur d'eclair monta dans la piece.
- Ton frere est le chef de la Tribu du Ciel ? Et ils ont tue tous les
autres captifs ! Qu'est-ce qui m'empeche de te tuer ?

Tous les Freres Tonnerre rugirent et crierent et ce bruit etait comme un orage dechaine dans le grand hall d'Orlanth. 'A mort ! A mort !' clamaient-ils tous. Car tous avaient un ami ou un membre de sa famille parmi les captifs. Et Elmalio regarda Humakt en face et sut que s'en etait fini de lui.

C'est alors que la voix douce de la Blanche Deesse s'eleva parmi le tumulte :
- Et est-ce ainsi que tu traites les blesses sous ton hall, Grand
Orlanth ? S'il en est ainsi, je ferais un rempart de mon corps pour empecher que tout mal lui arrive.

Et Chalana Arroy joignit le geste a la parole et vint se placer entre Orlanth et Elmalio en souriant doucement. Les Freres Tonnerre se calmerent un peu. Orlanth souffla et tempeta et agita le doigt sous le nez de Chalana mais rien n'y fit.
- C'est la guerre ! Supposons que j'etende a lui ma protection. Que
pourrait-il faire pour la Tribu ?
- C'est un grand guerrier ! s'exclama soudain Vinga la Rousse. Je l'ai
vu se battre contre les uz et il m'a sauve la vie et j'ai sauve la sienne. Et je ne permettrais pas non plus qu'on lui fasse du mal.

Et Vinga joignit le geste a la parole et vint de placer entre Orlanth et Elmalio en foudroyant les Freres Tonnerre du regard. Un tel silence se fit qu'on entendit Eurmal ronfler pres du feu. Orlanth se tourna vers Elmalio :
- Ma fille a tendance a exagerer. Ce qu'elle a dit est-il vrai ?

Et Elmalio ravala ce que tout homme du Ciel aurait dit et choisit la Verite. Il acquiesca et affirma que Vinga lui avait deja sauve la vie.
- Mais tu n'es pas de notre Tribu. Meme si tu sais te battre, il te
faudrait faire partie de notre famille et je ne vois pas comment cela est possible.
- Moi je sais, dit la belle Redaylde qu'Elmalio avait sauvee et qui
l'avait sauve en retour. Pere, je suis prete a epouser cet homme et je ne permettrais pas qu'on lui fasse du mal.

Et Redaylde joignit le geste a la parole et vint de placer entre Orlanth et Elmalio et posa une main sur le front de ce dernier. Un grand silence se fit et tous regarderent Orlanth. Il fronca ses sourcils broussailleux et reflechit longuement.
- Tu sembles oublier quelque chose d'important ma fille.

Il se tourna vers Elmalio toujours allonge :
- Sache guerrier du Ciel que dans la Tribu des Tempetes les femmes
sont les egales des hommes et ont leur mot a dire. Veux-tu prendre le risque d'epouser ma fille Redaylde et d'avoir Vinga comme soeur ?

Elmalio se lecha les levres, regarda la belle Redaylde et les deesses blanche et rousse qui le protegeaient.
- J'accepte, puissant maitre des vents, mais a une condition.

Orlanth leva les bras et rassembla les nuages, sculpta les eclairs de ses mains nues et tissa les vents en de grandes magies de divination. Il se tourna alors vers la Tribu des Tempetes toute rassemblee et declama :
- Les Vents ont parle ! Moi, Orlanth, Roi des Dieux et Dieu des Rois,
je declare que cet homme ici present se nomme maintenant Elmal ! Et il sera notre lumiere !

Et tous les Freres Tonnerre de frapper leurs armes sur leurs boucliers ! Et c'est ainsi qu'Elmalio, jumeau de Yelmalio devint Elmal, plus tard appele le Fidele Thane, epoux de Redaylde qui aime les chevaux. Mais ceci est une autre histoire...

[1] Cette partie la provoque des ricanements entendus entre orlanthi classiques, ainsi que des signes obscenes.

A+

Philippe

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