Merci pour cet excellent résumé. Il montre bien qu'au final, Frazer
n'est qu'un adorateur un peu zélé de la raison qui veut avoir raison de
tout.
L'anthropologie a passablement évolué depuis Frazer, et Wittgenstein le
descendait déjà en flammes. Je ne vais pas prétendre résumer la pensée
du grand Ludwig mais je vais tenter quelques remarques pédantes :
Les rituels ne sont pas le fruit de l'ignorance, ils ont une fonction
symbolique, cad qu'ils servent à nous faire vivre et appréhender des
aspects du "réel".
En gros, Frazer écrit comme s'il croyait que les esprits non rationnels
(primitifs) croient naïvement aux dieux ou aux esprits... un peu comme
si on se moquaient du fait que nous "croyons vraiment" qu'existent "la
justice" (avec sa balance!), l'électron comme petite particule (t'en as
vu un ?) ou ton perso dans Glorantha. Et pourtant, on s'accordera pour
dire que, d'une certaine manière, ils existent.
Notons au passage que, selon toute vraisemblance, les grecs ne
"croyaient" pas aux dieux comme les hébreux "croient" en Dieu.
Frazer ne donne que des explications qui rationalisent a posteriori les
actes des sorciers et Shamans, c'est tentant, mais c'est vraiment une
vision externe (depuis le confort de la Rationalité).
Quand un Shaman ou un prêtre commence à penser comme ça, c'est que sa
croyance est "morte" (elle devient de l'opium pour le peuple ou du
folklore).
Pour les Shamans, on peut toujours relire Lévi Strauss, c'est nettement
plus fin. On y voit les milles aspects de l'homme qui rétablit les
équilibres (dissensions, maladies, déchaînements naturels ...),
indispensable, mais à part, sexuellement ambigu, hors de l'ordre social,
mais capable de le rétablir, etc.
> Bien sûr Glorantha est un monde magique qui n'a rien à voir avec le
> monde réel.. bla bla bla..., mais magique ou pas, j'aime bien les
> explications logiques, alors trois mondes (voir plus avec les
> dragons, les mystiques et que sais-je encore) qui se téléscopent dans
> un univers de chaos primordial, j'avoue que quelque chose me gratte
> kekpart :-D
>
> Pourquoi pas juste un grand mystère, qu'on aborde de plein de façons
> différentes, c'est plus rigolo, non ?
Je crois que justement, la tentation d'aborder Glorantha comme UN grand
mystère est l'erreur du second age (cf. le monomythe Jrusteli décrit en
français dans Genertela).
On peut entrevoir des hypothèses de rapprochement, mais elles resteront
toujours partielles ou indécidables (cf. Stafford à chaque convention).
Et puis de toute façon, ce ne serait pas plus intéressant que le
syncrétisme ultime du style "au fond, toutes les religions sont d'accord
: il faut s'aimer et le monde sera beau".
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