Comment Cam�l�on est devenu comme �a (une l�gende du Pays de Caladra)
Durant l'Age Fertile, Asr�lia la Douce parcourait notre terre. Sous son
pas vert jaillirent arbres et fleurs. De ses mains soyeuses elle modela
les esp�ces animales et de son souffle parfum� elle cr�a les femmes.
Que cette �poque �tait joyeuse ! Nul n'y connaissait la faim ou la peur.
Il n'existait que paix et abondance, la D�esse donnant � tous ce qu'ils
voulaient.
Parmi les grands arbres o� Asr�lia tenait sa cour vivait Petit L�zard
Vert. Petit L�zard Vert �tait petit, vert... diff�rent. Et il �tait le
favori d'Asr�lia, qui lui passait tout et supportait sans broncher ses
g�missements perp�tuels.
- Pourquoi Bila Bila le Singe a-t-il des pattes qui peuvent prendre ?
demanda-t-il en g�missant � la Verte D�esse.
- Car telle est la nature de Singe, r�pondit la Douce D�esse. Et c'est
comme cela que je l'ai voulu.
- Moi aussi je veux des pattes qui accrochent et serrent ! couina Petit
L�zard Vert.
Et comme la D�esse l'aimait beaucoup et lui passait tout, elle lui donna
des pattes comme celles du singe.
- Pourquoi Niriss le Jaguar a-t-il une queue souple et longue ?
demanda-t-il en g�missant � la Verte D�esse.
- Car telle est la nature de Jaguar r�pondit la Douce D�esse. Et c'est
comme cela que je l'ai voulu.
- Moi aussi je veux une queue souple et longue qui se courbe et se d�lie
! couina Petit L�zard Vert.
Et comme la D�esse l'aimait beaucoup et lui passait tout, elle lui donna
une queue comme celle du jaguar.
- Pourquoi les fleurs et les fruits ont-ils les plus belles couleurs de
la jungle ? demanda-t-il en g�missant � la Verte D�esse.
- Car telle est la nature des plantes, r�pondit la Douce D�esse. Et
c'est comme cela que je l'ai voulu.
- Moi aussi je veux les couleurs de toute la jungle ! couina Petit
L�zard Vert.
Et comme la D�esse l'aimait beaucoup et lui passait tout, elle lui donna
les couleurs des feuilles et des fruits et m�me toutes celles qu'il
pourrait vouloir.
- Pourquoi Vrimia l'Oiseau a-t-il des yeux per�ant et qui peuvent tout
voir ? demanda-t-il en g�missant � la Verte D�esse.
- Car telle est la nature de l'Oiseau, r�pondit la Douce D�esse. Et
c'est comme cela que je l'ai voulu.
- Moi aussi je veux des yeux per�ant qui voient tout et partout ! couina
Petit L�zard Vert.
Et comme la D�esse l'aimait beaucoup et lui passait tout, elle lui donna
des yeux comme ceux de l'oiseau et plus utiles encore.
Mais un jour vint le Noir D�voreur, Argan Argar et son arm�e des
t�n�bres et ils commenc�rent � d�vorer la jungle. Et l'on sait comment
Asr�lia lui avait fait don des insectes et des moisissures pour lui
reprendre Caladra le Rougeoyant. Lors de l'assaut, alors que les
T�n�bres encerclaient le Pays Vert, les insectes oubli�rent
d�finitivement qui �tait leur M�re et se mirent � manger et � se
reproduire sans limite, comme les Uz. Oui, comme les Uz.
Mais nous ne nous laiss�mes pas faire : avec l'aide de Caladra et de sa
Tribu d'Hommes, les dieux et les d�esses, les femmes et les animaux et
m�mes les plantes particip�rent � la lutte contre le Froid et le Noir.
Et nous lutt�mes tous ensemble m�me s'il n'y avait pas d'espoir. Et nous
avons triomph� des hordes du D�voreur, tous ensemble.
Tous ensemble ? Pas vraiment. Car apr�s la bataille, alors de nombreux
dieux et d�esses, les enfants de Caladra jonchaient le sol, emportant
avec eux � tout jamais les animaux et les plantes qui leur �taient
associ�s, alors que de grands H�ros et de sages H�ro�nes n'�taient plus
que cadavres d�vor�s et emportaient avec eux des tribus et des lign�es
enti�res, on trouva Petit L�zard Vert tout tremblant, l�chement cach�
derri�re une feuille.
Asr�lia, en fut fort en col�re, car la M�re Fertile sait aussi �tre
terrible comme l'est la for�t.
- Petit mis�rable ! Que ne t'es-tu battu ?
- Mais, Douce M�re, je suis tout petit !
- Et alors ? Colibri est plus petit et il s'est battu !
- Mais Douce M�re, je ne sais pas me battre !
- Et alors ? Crois-tu qu'Orchid�e savait se battre ? Elle a appris,
comme nous tous ici, avec l'aide de Caladra !
- Mais Douce M�re... J'ai peur ! Les ennemis sont si grands et si
terribles !
Il y eu un grand silence.
- La v�rit�, souffla la Verte D�esse, c'est que j'ai �t� aveugle � ta
nature. Tu ne penses qu'� toi ! Et ta langue agile m'a troubl� l'esprit
et m'a bien fait danser ! Fort bien ! Voila mon dernier don pour toi.
Puisque ta langue est si agile, d�sormais elle sera ton arme. Tes autres
dons je ne te les enl�ve pas ! Tu chasseras d�sormais les plus
mis�rables et les plus petits des ennemis de la jungle. Tu mangeras les
insectes que tu attraperas avec ta langue. Et je ne veux plus entendre
un mot de toi : tu pourras revenir me voir quand il n'y aura plus un
insecte dans le Vert Pays ! Qu'il en soit ainsi.
Et c'est pourquoi encore de nos jours nul ici n'adore CaM�L�on (qui
signifie bien Petit L�zard Vert dans notre langue) et il ne parle pas :
ses enfants sont trop occup�s � chasser les insectes pour retrouver les
faveurs de la D�esse.
Et que ceci vous serve de le�on, petits chenapans, si vous vous avisez
de ne pas �tre contents de ce que vous a donn� la D�esse � la naissance
! R�clamer toujours plus aux Dieux, cela se m�rite, et cela est vite un
poids...
A+
Philippe