[Campagne]Ch.24: Attaque sur le lunoport (2)

Auteur: jaulmes_at_...
Date: Wed, 17 Dec 2003 19:43:16 -0000


Title : [Campagne]Ch.24: Attaque sur le lunoport (2)

Rappel :
Présentation de la campagne :
http://fr.groups.yahoo.com/group/Glorantha_VF/message/8329 Chapitre précédent :
http://fr.groups.yahoo.com/group/Glorantha_VF/message/9149

Dans le lunoport, Fédarkos se penche sur le corps sans vie de la guerrière aux deux sabres. À l'oreille de la jeune femme se trouve le même pendentif que celui d'Augustus. D'un mouvement vif, le sage-guerrier arrache le bijou et se redresse. Bien lui en prend, car une flèche vient se planter là où se trouvait sa tête l'instant auparavant. Plusieurs autres traits viennent se planter non loin de lui. ``Des cavaliers !'' crie Plume-Noire. Effectivement, par la porte fracassée du lunoport, Fédarkos aperçoit de nombreuses silhouettes qui galopent vers l'entrée à bride abattue. Elles sont accompagnées de deux hommes aux tenues étranges, à l'air exalté, qui hurlent des imprécations envers le sage. Ce dernier ressent d'ici la puissance magique qui les entoure. Des étincelles argentées volent dans leur cape et commencent à parcourir les lames de Fédarkos. Les nouveaux arrivants n'ont manifestement pas apprécié qu'il ait tué la jeune femme. Le sage décide qu'un repli stratégique s'impose et part en courant vers le centre du lunoport, en criant à tous les Hélamaktis de le suivre.

Plus loin, près de l'esplanade des Bateaux-Lune, les vécors approchent d'Aldharyk à pas lents, nimbés de leur aura pourpre de mauvais augure. Hrodgeir à ses côtés, l'Orlanthi recule un peu pour laisser à Calliope et à ses compagnons le temps de s'enfuir. Les vécors lancent l'assaut, passant soudain à l'attaque avec des mouvements d'une vitesse inhumaine. Le thane est projeté au sol. Hrodgeir se jette devant lui. Plusieurs coups viennent zébrer ses bras et son torse.

Calliope et les initiés profitent du répit que leur offre Aldharyk pour avancer vers la goélette. Le prêtre lunaire court vers eux, marmonnant une nouvelle incantation. Du coin de l'oeil, Calliope aperçoit Asvora qui se glisse sur le côté d'un bâtiment, telle une ombre fugitive. Concentré sur les prisonniers évadés, le lunaire ne l'a pas vue. La Vinganne bondit souplement au moment où le prêtre passe à sa portée. Pris au dépourvu, l'homme pivote vers elle, la surprise peinte sur le visage. Le sort qu'il s'apprêtait à lancer sur Calliope s'échappe de ses mains au moment où la lance d'Asvora lui transperce le ventre. Il s'effondre dans un râle pendant qu'une sphère argentée et translucide bondit vers la guerrière. Asvora pousse un hurlement au moment où le halo enveloppe son visage. Elle lâche sa lance et tombe à genoux, sans cesser de hurler. Elle se griffe désespérément la figure dans le vain espoir de se libérer de l'esprit de folie qui l'assaille.

De son côté, Aldharyk se ressaisit en voyant Hrodgeir reculer sous les coups démentiels des vécors. Sa main se resserre sur la garde de Sentence et il bondit vers la plus proche des silhouettes rougeoyantes. L'épée s'enfonce dans la poitrine du fantôme sans rencontrer de résistance. Un éclair argenté illumine brutalement la lame et le fantôme se dissipe dans un grand gémissement. Décontenancés par la magie étrange qui semble habiter l'épée du guerrier et par la mort de leur invocateur, les deux derniers vécors s'immobilisent en hésitant. Hrodgeir en profite pour fendre le corps du premier tandis que l'étrange magie de Sentence disperse le second. Les âmes des fantômes rejoignent le royaume des morts.

Calliope se précipite vers Asvora et s'agenouille à ses côtés. Le démon de folie tournoie autour de la Vinganne qui pousse de grands cris déchirants. Appelant la douce bénédiction de Lynkha, la philosophe tisse sa magie autour de l'esprit d'Asvora. Peu à peu, la guerrière parvient à repousser les assauts de la malédiction lunaire. Le halo argenté s'estompe.

Calliope est bientôt rejointe par Aldharyk, Hrodgeir et les autres initiés. Au même instant, un groupe d'hommes descend du Bateau-Lune. Ils sont pieds nus, vêtus de pagnes et s'approchent lentement sans paraître menaçants. Ils semblent psalmodier à voix basse, avec un curieux bruit de gorge. Les héros se regroupent pour faire face à cette nouvelle arrivée. Alors que les hommes
étranges ne sont plus qu'à une dizaine de pas, ils s'arrêtent
tous. L'un d'eux s'avance vers le groupe des initiés. Sa peau est toute décorée de lignes blanches et brunes qui tracent des dessins
étranges sur son corps. Ses longs cheveux noirs sont retenus en un
grand chignon sur le sommet de son crâne. Il sort une petite lame courbe, tombe à genoux et tend son arme en offrande vers les compagnons ébahis. Derrière l'homme, le chant monte en puissance. Les paroles sont dans une langue dont les sonorités paraissent vaguement familières aux oreilles de Calliope et d'Aldharyk. Du Darjiinien ! Comme lors de la quête héroïque qui leur a fait rencontrer Sur-Enslib et son fils Sul-Belib !

Dans un Pélorien parfait teinté d'un accent étrange, l'homme s'adresse aux héros. ``Je vous connais. Vous avez le visage des héros de nos légendes. Vous êtes Kal-Liop et Al-Darik ! Loués soient les esprits ! Nous vivons un grand jour si vous venez marcher parmi nous si loin des Doux Marais.'' Les deux compagnons acquiescent sans hésiter. Ils reconnaissent être les vainqueur de Kotr, ceux qui ont ramené Sul-Belib à sa mère. L'équipage du Bateau-Lune pousse alors de grands cris de joie tandis que l'homme de tête reprend la parole. ``Vous avez tué le mauvais homme rouge, le commissaire politique ! Mon navire vous appartient, il se nomme le Ménéné Kos et je suis son capitaine, Yar Andaros.''

Calliope lui annonce qu'ils venaient justement pour monter à bord du Bateau-Lune, que ses compagnons et elle ont besoin de partir rapidement. Il faut décoller au plus vite, avant que d'autres mauvais prêtres n'arrivent. Le capitaine regarde autour de lui, embrassant du regard les corps éparpillés des lunaires. À ce moment-là, Fédarkos débouche en courant sur l'esplanade, hurlant que des cavaliers dotés d'une puissante magie sont à ses trousses. Yar Andaros donne une série d'ordres en Darjiinien. L'équipage bondit à bord du navire et se déploie lestement dans la mâture. Calliope fait signe à l'adorateur d'Hevduran qu'il peut embarquer sans crainte. Les Hélamaktis s'accrochent aux cordages qui retiennent le navire et se hissent à bord. Ernaldana et sa troupe aident Calliope et Aldharyk à monter les prisonniers épuisés sur le pont de roseau du Bateau-Lune. L'équipage du Ménénékos court de la proue à la poupe, détachant les amarres et allumant de petits braseros sur le pourtour du navire. Les grandes voiles argentées se déploient majestueusement sous les étoiles et reflètent la lumière rouge de la lune. Comme répondant à l'appel de l'astre, le fier navire commence à tendre les cordes qui le retiennent encore.

Les cavaliers lunaires envahissent alors le lunoport et se ruent vers le Bateau-Lune. Ils arrivent trop tard, les dernières amarres sont larguées et le Ménénékos bondit en silence vers les étoiles. Les soldats criblent la coque de flèches, mais rien n'y fait. À bord, tous retiennent leur souffle. Les sons venus du sol s'estompent. Le seul bruit est celui du vent dans les roseaux et dans les voiles d'argent. Yar Andaros appuie sur une grande rame et le navire s'incline doucement. Il se tourne vers Calliope et Aldharyk. ``Et où allons-nous ?'', leur demande-t-il.

Dans Bout du Monde, Énéric, Hybban et Ambroise mènent leurs compagnons dans la rue principale, droit vers les grandes portes de la ville, désormais verrouillées. Au pied de la muraille, les gardes tarshites se sont rassemblés en lignes ordonnées. Les officiers donnent l'ordre d'abaisser les lances, de préparer les boucliers et de se tenir prêts. La cavalcade barbare s'arrêtera là et les têtes des profanateurs iront décorer le temple de Yara Aranis.

Juché sur le dos musclé de Morigain, Énéric en appelle aux secrets des chevaux célestes et à Joraz Kyree. ``Vous qui courez dans les étoiles et sur les vents, venez maintenant à mon secours et je vous ferai de grands sacrifices !'' Poussant un cri de défi, le jeune cavalier se dresse sur ses étriers et lève sa grande épée au-dessus de sa tête. ``Je suis Énéric Ventardent ! Tous ceux qui m'affrontent périssent !''. À ses côtés, les Pentiens poussent de grands cris pour accompagner leur chef. Derrière eux, les hommes-bêtes rugissent leurs encouragements. Les prisonniers orlanthis se sentent pousser des ailes et se maintiennent au niveau des chevaux au galop, tandis que les vents s'engouffrent dans la grande rue de Bout du Monde et font voler la poussière. Perdu au milieu des barbares, Ambroise s'aperçoit soudain que les sabots de son cheval ne claquent plus sur les pavés. Sa monture galope une main au-dessus du sol. Une poussière bleutée semble porter ses pas et les vents hurlent follement à ses oreilles. Une bouffée s'engouffre sous le ventre de son cheval et il voit le sol s'éloigner encore. Derrière lui, les Orlanthis et les hommes-bêtes s'élèvent eux aussi dans les airs.

Le capitaine des gardes de la porte ouvre de grands yeux. L'impossible est en train de se produire devant lui. Le vent lui souffle au visage, l'aveuglant de poussière. Le mugissement des animaux difformes qui accompagnent les barbares enfle encore et noie ses ordres. Aveuglé, bousculé par ses hommes qui reculent de frayeur, il lui semble qu'un dieu se penche vers lui dans un grand cri d'orage. Le vacarme devient assourdissant. Relevant son casque, il voit passer au-dessus de sa tête le cheval argenté du chef des barbares, suivi de près par le reste de la troupe hétéroclite. Tous galopent dans les airs comme sur une route étoilée, environnés de poussière bleue et portés par les vents. Comme une vague passant par dessus une digue, la troupe menée par Énéric franchit la muraille et les portes closes, laissant derrière elle un grand nuage d'étincelles bleutées. Dans le ciel nocturne, les étoiles elles-mêmes se penchent sur cette échappée.

Retombant souplement à l'extérieur de la ville, les compagnons ne s'arrêtent pas sur ce prodige. Gardant leur élan, ils poursuivent leur course vers le salut. Derrière eux, les Tarshites rouvrent déjà les lourdes portes. Sur leur flanc, l'Armée du Lendemain a eu le temps de se réorganiser. Toujours dressé sur ses étriers, Énéric voit alors un Bateau-Lune s'élever dans la nuit, suivi d'une volée de flèches. Apercevant à bord des silhouettes familières, le cavalier ne peut s'empêcher de sourire. Le plan fou de sa tante et de ses compagnons a donc fonctionné. Ils ont réussi à s'emparer d'un Bateau-Lune.

À l'intérieur du lunoport, des cavaliers se regroupent. Ils vont partir à la poursuite du navire. Énéric n'entend pas leur en laisser l'occasion. Les champs bien secs autour de la ville lui donnent une idée. Dirigeant sa troupe droit vers le lunoport, il sort la gourde chaude des Dragonewts. Il engloutit plusieurs gorgées sans prendre le temps de respirer. Bientôt, il sent une bouffée de chaleur monter de son ventre et sa gorge devient incandescente. Toujours lancé au grand galop, le cavalier se penche au-dessus des épis. Il invoque l'étrange magie que lui a enseignée Joraz Kyree. Des flammes d'une blancheur éblouissante jaillissent de sa bouche, embrasant le champ et illuminant la nuit d'une lumière irréelle. Bientôt les langues de feu courent d'épi en épi. Elles se répandent avec la rapidité d'un cheval au galop, attisées par le vent. Sans cesser de cracher du feu, Énéric décrit de grandes courbes dans les champs autour du lunoport et près de l'entrée de Bout du Monde. La nuit est éclairée par les flammes orangées qui dansent sur les blés. Le brasier illumine le ciel comme un second coucher de soleil. De grands panaches de fumée noire roulent vers les cieux. Le rugissement des flammes se mêle aux cris de défi de ses hommes. À l'intérieur du lunoport, les cavaliers s'aperçoivent qu'ils sont cernés par des anneaux de feu. Ils tentent de mener leurs chevaux dans les trouées, mais rien n'y fait. Le cercle embrasé se referme autour d'eux plus rapidement qu'un cheval au galop.

Se tournant vers les Orlanthis, Énéric leur indique la direction du sud. ``Fuyez ! Profitez de la protection des flammes ! Ils ne pourront se lancer immédiatement à votre poursuite. Mais ne doutez pas qu'ils vous rechercheront. Avancez sans vous arrêtez. Là-bas au sud se trouve votre patrie. Repartez donc la défendre ! Moi-même d'autres cieux m'attendent !'' Sans attendre de réponse des anciens prisonniers, il tourne bride vers la forêt et exhorte ses hommes à le suivre à couvert. Arrivé à la lisière, Hybban remercie les hommes-bêtes pour leur aide et leur soutien. ``Nos routes doivent maintenant se séparer. Nous autres devons retrouver nos compagnons. D'autres épreuves nous attendent encore mais peut-être un jour nous reverrons-nous dans les bois protecteurs de la Vallée des Bêtes. Partez ! Nous attirerons la poursuite à nos trousses.'' Les hommes-bêtes s'enfoncent dans les sous-bois avec un dernier salut d'adieu et disparaissent dans les ombres.

Au loin, les portes de Bout du Monde sont ouvertes. Une importante cavalerie en jaillit. Les soldats de l'Armée du Lendemain se joignent aux lunaires de la ville. La troupe furieuse aperçoit les cavaliers en bordure de la forêt. Leur chef pousse un grand cri de rage et ses hommes foncent vers les barbares impies qui ont bafoué la ville et la déesse. Énéric lance Morigain d'une simple caresse sur l'encolure et les Pentiens s'élancent dans la nuit, suivis d'Hybban, d'Ambroise et des sorciers.

À bord du Bateau-Lune, les héros peuvent embrasser l'étendue de la dévastation semée par leurs alliés. La ville est en émoi. Le feu se répand dans les blés, dessinant des arabesques orangées sur le fond noir de la nuit. Les flammes cernent le lunoport et bientôt les palissades de bois s'embrasent à leur tour. Les deux Bateaux-Lune restant n'ont que le temps de larguer leurs amarres et de s'envoler pour échapper au feu dévoreur. Dans la lueur de l'incendie, Calliope, Aldharyk et Fédarkos aperçoivent la troupe de Pentiens qui s'enfonce dans la forêt, poursuivie par la cavalerie lunaire.

Ils n'ont pas le temps de se réjouir de leur victoire. De Bout du Monde, des wyverns décollent et se lancent à la poursuite du Ménénékos. Leurs ailes membraneuses se découpent sur la lune. Elles poussent des hurlements stridents en se ruant dans les voiles du Bateau-Lune, ondulant de leur long corps serpentiforme. Les hommes qui les chevauchent lâchent une volée de flèches sur le pont. À la barre, le capitaine Yar Andaros hurle des ordres. Le navire fait une brusque embardée pour éviter l'escadrille. Les rayons de lune illuminent les voiles argentées qui se gonflent sous cette lumière. La goélette prend de la vitesse et s'élève encore plus haut vers les nuages. Plusieurs des poursuivants sont laissés derrière par ce brusque sursaut de vitesse mais l'une des wyverns enroule sa queue écailleuse autour du mât du navire. Fédarkos et Aldharyk bondissent vers la bête. Sentence tranche une griffe noire qui s'apprêtait à lacérer les voiles. L'adepte d'Hevduran bondit sur le pilote et le transperce de son épée en
évitant son trait. La wyvern hurle et se débat. Elle n'est plus
contrôlée. Sa lourde tête fend l'air à la recherche d'une proie pour se venger de la douleur qui l'assaille. Fédarkos se jette au sol comme les mâchoires fétides de la bête claquent au-dessus de lui. Aldharyk bondit sur le monstre, épaulé par Asvora, et enfonce profondément Sentence dans le corps écailleux. Un dernier spasme secoue la wyvern au moment où la lame perce son coeur et elle s'écroule sur le pont du navire dans un grand fracas et le claquement des cordages.

L'équipage du Ménénékos n'est pas resté inactif. Les hommes ont saisi lances et sagaies et le combat fait rage autour du pont du navire. Les cris des wyverns blessées se mêlent aux hurlements des cavaliers chutant dans le vide. Peu à peu, la goélette prend de la vitesse sous l'impulsion de la pleine lune. Les derniers poursuivants ne peuvent maintenir cette allure folle et bientôt le ciel s'ouvre dégagé devant la proue du Ménénékos. Avec un cri de victoire l'équipage court dans les cordages, tentant de réparer les dégâts causés par les monstres. Aldharyk conseille au capitaine de maintenir le cap pendant quelque temps afin de s'assurer que toute poursuite a été abandonnée. Il sera toujours temps de reprendre la bonne route quand la voie sera sûre.

Profitant de ce premier instant de calme, les initiés peuvent enfin s'expliquer et faire les présentations. Lyndia est stupéfaite de retrouver sa mère si loin du Pays Saint mais soulagée également que son cauchemar ait enfin pris fin. En fouillant le navire, Aldharyk découvre un étrange bébé dans l'une des grandes cabines. L'enfant a sans doute été déposé là par l'un des agents de Jar Eel. Nul doute qu'il devait être conduit à Glamour en même temps que les initiés prisonniers. L'enfant est de forme humaine mais couvert d'écailles d'un beau rouge sombre. Ses yeux sont rouges également, fendus d'une fine pupille dorée. Apercevant l'enfant, Siamée Blanchepeau, l'adoratrice de Chalana Arroy, se précipite vers lui et le prend dans ses bras. Elle pousse une exclamation de surprise en sentant la chaleur qui en
émane. Interrogé, l'équipage raconte que le bébé est à bord depuis
quelques jours. En ce court laps de temps, il a déjà considérablement grandi. Aldharyk pince les lèvres et porte la main à son épée. Ce bébé maudit lui paraît fort peu naturel. Poussant un cri d'avertissement, Siamée protège l'enfant contre son sein. Elle ne laissera personne faire du mal à un bébé innocent. Le thane est obligé de se plier à la volonté de la Dame Blanche mais met en garde l'adoratrice de Chalana Arroy contre le monstre qui sommeille en ce nourrisson. Siamée Blanchepeau promet de prendre grand soin du pauvre enfant et de le surveiller de près.

Une mystérieuse cabine à la porte close attire l'attention d'Aldharyk. Alors qu'il pose la main sur la poignée en forme de croissant de lune, le capitaine Yar Andaros pousse un cri d'avertissement. Derrière cette porte se trouve le coeur du navire, le puissant artefact qui lui permet de s'élever dans les airs sous l'impulsion des rayons de lune. Aldharyk sent des picotements sur toute sa peau. Une force chaotique considérable se trouve dans cette pièce. Le capitaine du Bateau-Lune hoche la tête. Lui-même n'a jamais pénétré dans cet endroit. Ce sont les grands prêtres de Sédénya qui seuls ont le droit de poser les yeux sur la Pierre de Lune. Aldharyk recule d'un pas en frissonnant. Il ne peut pour le moment détruire cette roche maudite comme le lui hurle tous ses instincts. Privé de son coeur, le Bateau-Lune irait s'écraser des lieues plus bas sur le sol de la plaine. Ne pouvant cependant rester sans rien faire, il invoque toute la puissance de l'Ordre Cosmique d'Orlanth et dresse un formidable barrage de Loi autour de la cabine.

Lorsque la nuit est bien avancée, Aldharyk va trouver le capitaine Yar Andaros. Il est temps de changer de cap et de se diriger vers le lieu de rendez-vous convenu avec Énéric, Hybban et Ambroise. En bas dans la forêt, après une course effrénée, les trois héros ont eux aussi semé leurs poursuivants. Au petit matin, alors que le soleil timide lance ses premiers rayons sur la plaine de Tarsh, que Bout du Monde s'éveille après une nuit de feu et de sang, les cavaliers mettent pied à terre dans une clairière parsemée de ruines antiques. Au-dessus d'eux, la masse argentée du Ménénékos approche silencieusement.

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