[Saga de Wirred Blackwater] Chapitre 13 - Mes souvenirs vent/mort/sombre

Auteur: Rappar <rappar2_at_...>
Date: Tue, 1 May 2007 00:13:45 +0200


[spoiler: Orlath is dead]

Chapitre 13 - Mes souvenirs du jour du vent, semaine de la mort, saison sombre, 1621 ST

C'est vrai, on ne se souvient pas de o� on �tait le mois dernier. Ou m�me la semaine derni�re : demandez aux gens autour de vous, bien malin celui qui s'en souvient. Mais demandez � ceux qui �taient en Sartar o� ils �taient, et ce qu'ils faisaient le vent/mort/sombre/21, et vous obtiendrez des r�cits grav�s dans la m�moire, de ce qu'ils faisaient ; et o� ; au moment de la catastrophe. Le temps s'est arr�t�, pour ainsi dire. Comment chacun d'entre nous a surv�cu � ce jour qui changea � jamais nos vies. Pour s�r, r�colter les t�moignages sur cette journ�e, c'est une t�che �norme que vous avez entreprise l�, mais � combien int�ressante ! Bien entendu, je vais aider ; je vais vous raconter ce qui m'est arriv� ce jour l�. Et croyez moi, j'�tais aux premi�res loges.

Quelques jours auparavant, je me trouvais � Alda-Chur. La ville �tait blind�e par une l�gion lunar, impossible de trouver o� s'loger. J'�tais un m�c�ne bienfaiteur de la Confr�rie des Mains Ouvertes - une secte de tordus adorateurs du Travail ; j'�tais rentr� en ville en m�me temps qu'eux. Ils m'ont offert l'hospitalit�. Imaginez-moi au milieu des mis�reux au foyer des Jeunes Travailleurs des Mains-z-ouv ! Markos et Belkar sont all�s chez Geo's et ont failli se faire coincer par une descente de police ! Je m'suis laiss� dire que Belkar avait fait l'malin avec la milice...

On s'est aper�u que nous �tions faits comme des rats, lorsqu'on a vu un paquet de Bregalos en ville. Les Br�galos en avaient apr�s nous, rapport � un temple sur leur territoire qui venait d'exploser. Je ne sais pas, je ne suis au courant de rien. Mais c'�taient des tenaces. On voulait r'ssortir, mais les portes �taient ferm�es.

Je me suis alors adress� � Horgor, des mainzouv', lui faisant part de sa d�licate position : les autorit�s d�j� aimaient pas qu'y offrent l'hospitalit� � des r�fugi�s orlanthis, et si en plus on nous trouvait chez lui, on mouillerait la confr�rie. Y devait nous faire sortir tout de suite, maintenant.

Alors y nous a adjoint � une caravane de ravitaillement en partance pour des villages pauvres. On arrive aux portes de la Ville, pour sortir. Les gardes avaient le signalement de Markos ! Le pauvre h�re mi-vert avec son arc qui chante �tait reconnaissable comme le nez au milieu de la figure ! Moi et Joran - le chef de la caravane - on s'est pris la t�te avec un garde, et la diversion a suffi. Ouf, on �tait sortis.

D�s dehors, on s'est fray� un chemin dans un bidonville plein de mendiants. J'ai eu beaucoup d'mal � pas leur filer toute notre nourriture, mais les ordres de Joran �taient clairs : la bouffe �taient pour d'autres, encore plus cr�ve-la-faim, plus loin dans la cambrousse.

Un peu plus loin, notre wyter - Chipmunk - nous signale qu'on avait oubli� Yrsa et Belkar � Alda-Chur ! J'veux y r'tourner et les sauver, mais on m'dit qu'y risquaient rien, planqu�s chez Geo's. P't�t m�me que le Duc ne s'attaquerait pas � G�o, car y serait un ancien de chez G�o ! Alors j'd�cide de suivre les Mainzouv' dans leur tourn�e, et j'esp�rais qu'� notre retour la situation se serait apais�e.

Voil� comment je me suis retrouv� en pays orlanthi le jour du vent, semaine de la mort, saison sombre, 1621 ST.

On a travers� une for�t, puis les collines de l'Homme Sauvage ; notre tourn�e commen�ait par la tribu des Pieds-bleus, des Orlanthis soumis. Bien que la tourn�e mainzouv' leur amenasse des vivres, y z-�taient hostiles, ne voyant dans cette organisation caritative qu'une autre sorte de conqu�te. Ils n'avaient pas enti�rement tort... L'organisation charitable �taient la carotte, les arm�es lunar �taient le b�ton. Alors pour les d�tendre un peu, j'ai commenc� mon num�ro de jonglage ; Markos tirait des fl�ches dans les objets que j'lan�ais, alors y m'ont trouv� extraordinaire et m'ont port� en triomphe � sa place. Pauvre Markos ! Il restera toujours dans mon ombre trop grande pour lui !

A ce moment, le vent qui n'arr�tait pas de souffler dans ces collines est brusquement tomb�. Un peu inquiet, les fid�les d'Orlanth ont essay� de contacter leur dieu ; rien � faire, impossible � joindre. �'�tait pas une attaque lunare, vu qu'y avait pas un soldat � l'horizon. Une c�r�monie de divination sans r�sultat plus tard, les villageois ont commenc� � s'inqui�ter, et � chuchoter que leur Orlanth avait p't�tre un gros probl�me.

Le lendemain �tait la f�te des Anc�tres. Lors de cette c�l�bration pittoresque, les fant�mes des Anc�tres passent dans les maisons de leurs descendants et les b�nissent - ou pas. Mais ceux qui se sont point�s,
�taient des Esprits d�charn�s, qui ne touchaient � aucune offrande et ne
b�nirent que dalle. Les villageois et nous se posaient plein de questions sur c'qui s'passait, mais �a donnait rien. Sauf qu'ils nous r'gardaient encore plus de travers, vu que le ph�nom�ne �tait survenu peu apr�s notre arriv�e. On a d�cid� de s'casser avant qu'y nous offrent en sacrifice !

En milieu de matin�e, on �tait sur la route, et le froid �tait devenu polaire. �a devenait plus intense, plus f�roce, � chaque heure qui passait. Je n'avais jamais connu un froid pareil, et n'en ai jamais connu depuis. Notre seule chance de survie a �t� d'avancer � toute vitesse. Comme un animal f�roce, le froid nous griffait, nous mordait, nous piquait, nous fouettait. Tout nous disait d'arr�ter, mais si nous nous arr�tions, nous
�tions morts. Seules nos croyances et la magie de Mouvement de notre
Chipmunk nous pouss�rent en avant, et nous avons parcouru en un temps record le chemin qui nous ramenait � Fort Engoli, un fort de pierre tenu par une garnison lunar.

Le fort �tait assi�g� par des r�fugi�s. Les Lunars refusaient de laisser entrer quiconque et gardaient pour eux le bois et la nourriture de leurs r�serves. Les r�fugi�s ne pouvaient aller plus loin et se battaient pour une place pr�s de braseros improvis�s. Chaque nuit y en avaient qui clamsaient, et qui �taient d�pouill�s, et y avait des cadavres congel�s abandonn�s. Et je suis pas s�r que les cadavres restaient entiers longtemps, puisque les r�fugi�s n'avaient rien � becqueter...

Nous y fallait qu'on rentre dans l'fort, sinon on survivrait pas. J'ai sorti tous mes bijoux devant le garde de faction, et y nous a fait rentrer. Rien que nous - les Lunars laissaient crever les Orlanthis dehors comme des rats - y z'en avaient rien � foutre d'�tre nourris et au chaud au milieu de mourants. C'�tait pas le m�me peuple ni la m�me religion.

Les soldats nous ont fil� des restes, sur lesquels on s'est jet�s, et un dortoir commun nettement moins froid que dehors. Voil� comment j'ai surv�cu au jour du vent/mort/sombre.

Des tas de gens f�tent l'anniversaire de cette date, parce que c'est la mort de leur Ennemi, mais pour moi c'est le jour de la f�te de la mort tout court.

Notez bien tout ce que j'vous ai racont� l�. Aucun mot pass� par ma bouche ne refl�te autre chose que la V�rit� sur les horreurs que j'ai vues. Reprenez mon t�moignage, �crivez-le, criez-le ! Que le monde entier connaisse les " d�g�ts collat�raux " de la " fi�re " avanc�e de l'Empire lunar !

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