Puis ce fut Le Jour du Repos pour les yinkini, une journée ou les adorateurs du Dieux des Alynxs partent à la recherche du coin le plus ensoleillé du tula afin d'y dormir toute la journée. Mais comme à l'accoutumé, nombreux furent ceux qui cherchèrent Mordred dans le but de lui jeter quelques sauts d'eaux glacées afin de s'amuser. Ils furent grandement aisés par la schysophrénie du jeune Gudny, partagé entre Eurmal et Yinkin. Il fut lui-même l'architecte de son malheur, indiquant à tous ou il allait se reposer pour la journée.
En fin de journée, le roi tribal des Culbréas, Ranolf Tristelame, vint rendre visite au Gwandor. Mais au lieu d'exiger qu'on l'accueille, comme c'était son droit, il apporta assez de nourriture non seulement pour sa propre troupe, mais pour tout le clan, et ce pour plusieurs jours.
A Kulbrast Offirson il donna un beau cheval, et surtout une belle
épée forgé de fer. Et sur la place du Domaine des Deux Pins il donna
ses mots aux hommes du clan : « Oyez Gwandor. Je fais don de cette
lame de fer à votre chef et à votre clan en vous suppliant de la
garder bien aiguisée. Les gwandori ont depuis toujours été l'Epée des
Culbréa et nous voulons que demain il en soit encore ainsi. Nous ne
voulons rien en retour, sinon que vous aiguisiez le tranchant de vos
lames et que vous désiriez toujours ardemment vous en servir. Dans
les ténèbres de ce temps, ne désespérez pas; un jour prochain, les
Culbréa se lèveront à nouveau et vous suivront à l'attaque… »
Le roi Ranolf raconta qu'il avait demandé aux autres clans de la tribu d'envoyer des volontaires, pour aider le Gwandor dans sa lutte contre les Cinsina. Il annonça que l'affront ne concernait pas que le Gwandor mais avait atteint une dimension tribale. En effet, Ranolf avait envoyé son Langue d'Or Ostig Beauparler négocier avec les gorde. C'était pour présenter la demande de wergeld de la tribu pour compensation du raid des gorde contre le Gwandor. Or, Ostig fut pris en embuscade et humilié par les gorde. Ils lui brisèrent les dents, cassèrent les côtes et souillèrent ses vêtements avec du lisier de porc. Mais les messagers (voir épisode n°1) d'Issaries ont le droit de libre passage en toutes terres. Interférer avec leur mission n'est pas seulement violer les Lois de Sartar et celles d'Heort, mais aussi celles d'Orlanth lui-même. Nul ne peut laisser une telle insulte impunie, et surtout pas un roi.
Le jour suivant 99 hommes de la tribu arrivèrent au tula du Gwandor pour aider au combat. Les culbri envoyèrent 5 thanes et 18 lanciers, les barlamani 2 thanes et 12 lanciers, les marthiord 2 thanes et 10 lanciers et les élans 3 thanes et 9 lanciers.
Ranolf annonça son intention de faire un procès aux gorde pour leur insulte contre son Langue d'Or et de soutenir le procès des gwandori contre les cinsina pour les tueries et incendies durant le raid qu'ils avaient subi (voir épisode n° 24). Les gwandori aiguisèrent leurs lames. Quand à l'aube, le fyrd eut pénétré sur les terres gorde, le roi Ranolf exigea de voir leur chef et de parler également à la Reine des Cinsina. En milieu de journée, Paedur Or-Rouge, chef des gorde et disciple du Grand Vent (Doburdan) et Yelmalio arriva avec ses meilleurs thanes. Puis la Reine des Cinsina, Ivartha la Maigre arriva à son tour entourée de son escorte personnelle. En finalité, il y avait près de 150 hommes du Culbréa et 200 hommes des Cinsina réunis sur la route séparant les deux tulas.
Avant même que les Cinsina n'aient eut le temps de descendre de leurs chevaux, on vit venir 80 cavaliers tarshites de la soi-disant Armée Royale de Sartar. Ils étaient conduits par Frundig le Loyal. Frundig rappela alors à tous qu'une guerre intertribale irait à l'encontre des lois de Sartar, et offrit de juger la dispute et les deux parties se mirent d'accord pour accepter sa décision.
Ainsi, Ranolf Tristelame, Kulbrast Offirson, Ivartha la Maigre, Paedur Or-Rouge et Frundig le Loyal se retirèrent dans une tente pour discuter et n'en ressortirent qu'à la tombée de la nuit. Fruding présenta alors sa décision à tous, pour le procès de Ranolf, il accorda un wergeld de 20 vaches, ce qui était cinq fois plus élevé que le prix d'une bastonnade. Mais pour le procès du Gwandor, il n'accorda que 10 vaches pour deux morts et trois fermes brûlées, ce qui était bien inférieur aux habitudes sartarites.
A ces mots, les gwandori se mirent à hurler au complot, à la traitrise et à l'ignominie de la justice de Frundig. De l'autre côté, les gorde raillaient déjà les gwandori, promettant de venir bientôt. Mais Ranolf empêcha les hommes du clan se s'en prendre à Frundig (si ce n'est Mordred qui lança une pierre sur le haubert du Frundig, n'égratignant que superficiellement son honneur) et leur donna son interprétation du verdict. Selon lui, l'officier avait voulu rétablir la paix entre les tribus, en n'accordant son soutien à aucun des clans. Ainsi la paix du Gwandor était assurée, tout en ouvrant la voie aux Gwandor pour tirer vengeance des gorde. En fait, cet habile petit verdict ne faisait que réalimenter la vendetta.
Les gwandori étaient furieux, mais ils savaient aussi qu'ils n'obtiendraient justices que par leurs épées et leurs lances. Les armées s'en retournèrent chez elles et le Gwandor commença à préparer sa vengeance.
Alors que nos héros étaient en plein préparatif de la Journée Saine de Destor (appelée aussi Journée de l'Epée, voir épisode n°3), Kozagank des Shazdorfs arriva dans le tula. Il conduisait une caravane marchande composée de 5 scarabées géants couvert de caisses, sacs et tonneaux tenus par des filets, 3 autres trolls sombres et 7 trollinets.
Quand Grenwulf l'intercepta sur la frontière, il lui annonça de suite que les trolls n'étaient pas le bienvenu sur les terres du Gwandor mais qu'il ferait une exception pour les Shazdorfs. Mordred pour sa part rassura l'Uz sur l'hospitalité gwandori et lui demanda de ne pas trop faire attention aux propos de son cousin, connu pour son dédain des hommes sombres. Il demanda aussi au troll se qu'il faisait dans les régions humaines et celui-ci lui répondit qu'il se rendait dans les villes de Jonestown et Tink pour y vendre des objets de factures naines, ajoutant qu'il cherchait aussi à constituer une escorte pour leur voyage. Mordred répondit aussitôt qu'il serait honoré de pouvoir escorter les marchands uz à travers Sartar.
Ils conduisirent Kozakang dans la maison clanique et Kulbrast l'invita pour le repas. Il fit quérir les thanes les plus importants du clan pour l'occasion et réaffirma l'alliance entre le Gwandor et les Shazdorfs. Ainsi, le lendemain tous prirent la route menant à Jonestown qu'ils atteignirent en milieu d'après-midi.
En arrivant à Jonestown, Kozakang installa ses bêtes et ses marchandises sur la place poussiéreuse du marché aux bestiaux. Mordred et Rokald l'aidèrent à décharger, pendant que Bofrost se reposait et que Grenwulf se rendait à la Maison de la Mort.
Quand l'humakti arriva en vue de la maison de la mort, un étrange
pressentiment lui parcouru l'échine. L'endroit ne semblait pas
différent et pourtant, la magie de Mort avait été amplifiée. En y
entrant, Grenwulf constata que le lieu était maintenant aux mains de
tarshites et autres adorateurs d'Humakt acquis à la cause lunar.
Grenwulf demanda à parler au responsable mais on lui annonça que
celui-ci avait quitté le temple depuis plusieurs semaines et avait
été remplacé par le Seigneur Artamesh de Spol, un guerrier carmanian
de haut rang. Grenwulf demanda alors d'un ton menaçant si il pouvait
le voir mais on lui répondit qu'il n'était pas là mais que l'un de
ses lieutenant, le Seigneur Slevanosh le représentait en son absence.
Alors Grenwulf s'avança vers le tarshite, celui-ci portait une armure de bronze teinte en noir et portait de manière insultante les couleurs de la Lune Rouge. De plus, il adorait Humakt d'une façon pervertit que Grenwulf ne pouvait accepter. « Ta présence et celle de ton Seigneur est une insulte pour Humakt lui-même ! La voie que vous suivez ne fera que pervertir vos âmes mais je peux vous montrer le véritable chemin de la mort si tel est votre désire ! ». Le tarshite lui répondit qu'il connaissait le Gwandor et sa triste réputation, un clan ayant longtemps perdu les pouvoirs d'Humakt, ajoutant que c'était donc le Gwandor qui avaient été perverti, à la manière d'une oie fécondée par un coq. Alors Grenwulf tira Frisson de son fourreau et en appela au jugement d'Humakt. « Si je gagne, tu quitteras ces lieux définitivement et si je perds, c'est moi qui n'y mettrai plus jamais les pieds ! » dit-il sur le ton de la colère.
Le niveau du tarshite était bien en-dessous de celui du fils de Gyffun et Grenwulf s'amusa un peu, lui infligeant quelques blessures légères jusqu'à le mettre à genoux. Il le regarda alors et lui tint les paroles suivantes : « Je sais être magnanime, tu suis déjà le mauvais chemin alors je ne t'enlèverai pas ce lieu saint qui peut- être t'ouvrira les yeux sur ton erreur ». Plusieurs humaktis et mercenaires assistèrent au combat et certains applaudirent Grenwulf quand celui-ci quitta les lieux sans même se retourner. Il se rendit par la suite à l'auberge du Coq Chaud, chez Kollus (voir épisode n° 16), pour y réserver une chambre et attendre ses cousins comme prévu.
Pendant ce temps, alors qu'Elmal avait disparu et laissait les ténèbres s'emparer du marché et que les premières torches étaient allumées, un marchand d'Issaries richement vêtu s'approcha des trolls et donna un coffre à Kozakang contre un autre. Puis, suivi discrètement par Mordred et son chat, il retourna dans sa demeure. Rokald se rendit à la tour des Serviteurs des Tout Puissants Dragons afin d'interroger Elanteros sur les énigmes et prophétie draconique qui lui avaient été faite et Bofrost alla à l'auberge rejoindre Grenwulf.
Mordred arriva devant la demeure de l'Issaries qui venait d'y entrer.
Il attendit un bon moment espérant ainsi découvrir ce que contenait
le coffre. Mais quand les lumières provenant de la petite maison
s'éteignirent, il décida de frapper à la porte. La femme de
l'Issaries lui ouvrit la porte et Mordred, fort de son éloquence, se
présenta et flatta la dame afin que celle-ci aille cherche son mari.
Ainsi, Mordred eut la chance de pouvoir voir le contenu du coffre que
l'Issaries lui présenta fièrement, pensant que Mordred pouvait avoir
été commandité par une personne suffisamment riche pour acheter cet
artefact nain : « Voilà le fils d'Arachne Solara, le Temps » dit-il
en présentant une boîte cubique présentant un cercle d'où provenait
un bruit régulier « tic, tac, tic, tac,…». Mais quand l'Issaries
comprit que Mordred n'avait pas les moyens d'acheter la mystérieuse
boîte, il le raccompagna poliment à la porte.
C'est alors que Rokald qui avait fait preuve de patience face à un
serviteur borné, arriva enfin à ce que l'on aille quérir Elanteros.
Quand celui-ci arriva, il refusa de s'entretenir avec lui, prétextant
qu'il était très très occupé. Mais quand Rokald lui fit part des
énigmes draconiques, le visage du sage changea de manière
inquiétante : « Allez voir Forang Farosh à Tink, il saura vous en
dire plus sur ce Dragon Noir », puis il claqua la porte au nez du
gwandori. Décidément, Elanteros semblait avoir oublié les aventures
partagées se dit l'ormalayen en lui-même. A son tour, Rokald
rejoignit ses cousins à l'auberge du Coq Chaud.
Une fois tous réunis et après quelques bières, Grenwulf alla se
coucher. C'est alors qu'un vieil homme entra dans l'auberge et Rokald
le remarqua aussitôt : « Mon oncle, c'est mon vieil oncle Vistol,
j'avais complètement oublié qu'il était installé à Jonestown ». Il
faut dire qu'il avait quitté le Gwandor il y a six ans déjà et qu'il
n'y était jamais revenu. Après avoir pris des nouvelles de la
famille, celui-ci leur apprit qu'Hamdir Vivelangue louait la maison
clanique du Gwandor pour une longue durée aux hommes de la garnison
lunar de Jonestown. Au cours de la discussion il en ressortit que
l'aubergiste remettait le produit de la location à Hamdir et qu'il
était peu probable que celui-ci remette au Gwandor la part qui lui
revenait. Les trois cousins étaient en colère et choisirent de se
rendre aussitôt à la maison clanique. Sachant que les lois de
l'hospitalité ne leur permettraient pas de jeter les lunars hors de
la maison clanique ils essaieraient simplement d'en apprendre plus et
de voir cette trahison de leurs propres yeux. Mais pour ne pas
prendre de risque avec la face eurmali de Mordred qui pourrait
dégénérer, Rokald lui fit promettre de ne point parler. Finalement,
cette visite eut le mérite de confirmer les propos de l'oncle Vistol
et Bofrost décida d'envoyer son aigle porter un message à Kulbrast
dès le lendemain matin.
Le matin fut glacial. Les compagnons reprirent leur voyage, marchant à présent vers le nord, sur la Route Royale dont la grandeur passée diminuait depuis la chute du royaume (la magie maintenant le bon état de la route n'étant plus opérante). Ils passèrent à Gué du Danger et dormirent à la belle étoile, les trolls n'étant pas admis dans l'auberge du village. Gué du Danger était une forteresse de pierres autrefois construite par le héro sartarite Jarolar. Elle était maintenant occupée par les lunars. La forteresse était perchée sur une colline, dominant le seul passage à gué sur plusieurs kilomètres à la ronde. Durant la soirée, Rokald discuta longuement avec Kozakang et il se rendit compte que leur contact à Tink n'était autre que Forang Farosh, l'homme qu'Elanteros lui avait conseillé de voir pour obtenir des réponses sur les énigmes draconiques. L'homme était connu, et les Gudny savaient que Farosh avait vécu sous l'Empire des Amis des Wyrms et qu'il avait traversé les âges jusque là. Un des trois immortels de la Passe du Dragon (les autres étant Delecti le Necromancien (voir épisode 18-20) et Isildirian le Sage, chef des mostalis de la Mine de Nain).
La caravane quitta la route à cet endroit et partit vers l'ouest, dans le pays Dinacoli. Ces derniers faisaient partie de la Confédération de Point Extrême, dirigée par Harvar Poing-de-Fer et les gwandori n'étaient dès lors pas en sécurité sur ces terres. Mais comme les cousins étaient les guides d'une caravane troll on les laissa passer sans obstacle.
Au-delà du tula des Dinacoli, la caravane s'enfonça dans les Terres
Sauvages des Dragonwets. Ces terres étaient réputées pour être
dangereuses et nos héros avancèrent lentement, scrutant à l'horizon
la moindre trace d'un danger quelconque. Puis ils arrivèrent près
d'un grand socle de pierre couvert d'étranges marques taillées dans
la masse et qui avait la forme de la Rune des Dragonwets. La Rune
était de surcroit décorée par une douzaine de têtes humaines
étrangement préservées dans leur chair et empalées sur des grandes
lances. Rokald raconta alors à ses cousins ce qu'il avait apprit
auprès d'Elanteros sur ce sujet : « Cette pierre était le Socle de la
Colère. Jadis les hommes avaient tenté de puiser l'étrange pouvoir
draconique qui circulait en elle. Une armée Dragonwets sortit alors
du monolithe et tua tous ces hommes. Ils y accrochèrent les têtes
comme avertissement pour que nul ne cherche plus à voler leur
puissance. Cette bataille eut lieu il y a six générations de cela ».
Mordred et Rokald s'approchèrent alors du socle. Le yinkini resta sur son cheval mais Rokald en descendit pour grimper doucement sur le socle. Une fois sur la plateforme, il se laissa imprégner par sa force, contemplant sa nature draconique. Soudainement, une douce lumière verte sortit du socle et entoura Rokald. Ses yeux se révulsèrent pour lui apporté le début d'une vision qui s'évanouit aussitôt, laissant le nommé Argrath sur sa faim. Pourtant, il ressentit en lui une immense harmonie que ne le quitta pas avant la fin de la journée.
Le lendemain matin, toujours froid, les compagnons firent descendre la caravane de scarabées dans les collines. Ils voyaient le Socle du Commerce et au loin la cité Dragonwets de l'Œil du Dragon. La cité s'étendait au loin sur plusieurs kilomètres et une douce lumière verte émanait de cette construction. Nos héros ne s'en approchèrent pas et ne purent en voir plus.
Kozakang affirma avoir choisi cette route car il y'avait souvent des Dragonwets au Socle du Commerce prêts à marchander avec ces passants. Le groupe en repéra quelques-uns, debout sur la pierre, ainsi que trois vaches. Kozagank et nos héros se lancèrent alors à leur rencontre. Les Dragonwets affirmèrent n'avoir rien à vendre mais ne savaient que faire des trois vaches qu'ils avaient soit disant trouvé et souhaitaient l'aide des héros pour retrouver leurs légitimes propriétaires. Les runes encore tatouées sur les bêtes étaient celle d'un clan décimé par l'Empire, aussi nos héros choisirent de les garder.
Avant la séparation des deux groupes, le porte-parole dévisagea Rokald d'un air interrogateur : « Has esté luminë del Soucle » dit-il en langue ancienne. « Favol'havras cunme languë forqvuë » ajouta-t-il avant de les quitter.
Enfin, avant d'arriver en vue des restes de la ville de Tink, nos héros croisèrent un troupeau de semi-oiseaux qu'ils évitèrent.
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