[Campagne]Ch.13: Au palais du roi de Sartar

Auteur: eliane_jaulmes <jaulmes_at_...>
Date: Wed, 01 Oct 2003 12:33:07 -0000


Rappel :
Présentation de la campagne :
http://fr.groups.yahoo.com/group/Glorantha_VF/message/8329 Chapitre précédent :
http://fr.groups.yahoo.com/group/Glorantha_VF/message/8792

Alors que les héros sont réunis le soir à la taverne, ils voient arriver la grande silhouette de Gragak. L'Uz vient s'asseoir à leur table, faisant craquer le tabouret de bois en s'asseyant. Il est porteur d'étranges rumeurs qui circulent dans les bas-fonds du quartier uz. Apparemment quelqu'un recherche une poignée de gros bras pour enlever un meldek du nom d'Ambroise Taxol. Tout le monde
échange des regards intrigués. Qui peut bien en vouloir au sorcier
dans la ville de Boldhome ? Avec l'aide de ses compagnons, Ambroise met au point un plan pour en apprendre plus sur l'identité du commanditaire. Gragak est chargé de repérer la personne à l'origine de cette demande. Golwen, qui a l'habitude de ce genre de négociations, prendra ensuite contact avec lui pour lui tendre un piège.

La piste n'est pas très difficile à remonter. Elle conduit jusqu'à un sous-fifre qui ne tarde pas à révéler tout ce qu'il sait sous la menace convaincante de Gragak. Il prétend avoir été embauché par un dénommé Augustus pour capturer Ambroise et lui apporter certaines de ses affaires. Son commanditaire a affirmé que le sorcier lui avait volé des livres et des talismans. En entendant le nom d'Augustus, Ambroise se réjouit déjà de mettre la main sur le voleur du grimoire. Le petit malfaiteur est légèrement malmené mais accepte finalement de faire passer à son commanditaire un message annonçant le succès de sa mission. Un rendez-vous est fixé de nuit dans un coin sombre des bas quartiers pour lui livrer le prisonnier.

La ville basse est un assemblage hétéroclite de maisons faites de bric et de broc. C'est le repaire des mendiants, voleurs et autres coupe-jarrets. Les rues de terre sont jonchées d'ordures et il règne une odeur malsaine et nauséabonde. Ambroise, Golwen et Gragak s'embusquent près du lieu de rendez-vous, dissimulés sous de grandes capes. Ils voient arriver un petit homme rebondi qui jette des regards anxieux autour de lui. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, le gaillard est saucissonné et emporté dans une taverne voisine. Hélas, il s'avère que ce n'est pas Augustus. En tremblant, il explique qu'il n'est qu'un homme de main laissé sur place par son maître pour surveiller les affaires. Celui que recherche Ambroise est parti la veille vers Jonebourg.

Le sorcier est impatient de se lancer à la poursuite de son ennemi. La piste est chaude et il n'entend pas laisser passer pareille occasion. Il lui faut cependant régler différentes affaires en ville avec les lunaires et son ordre avant de prendre la route.

Vers l'heure du déjeuner, Ambroise est attablé dans une petite auberge lorsqu'une fine silhouette encapuchonnée pénètre dans la salle commune et se dirige vers lui. Une voix féminine s'adresse à lui. ``Bien le bonjour messire. Vous êtes bien Ambroise Taxol ?'' Le sorcier fronce les sourcils, méfiant. La jeune femme n'attend pas sa réponse. Elle relève son capuchon et dévoile un pâle visage encadré par une longue chevelure noire. Elle lui sourit. ``Ne crains rien. Je ne suis pas de tes ennemis.'' Sa voix est presque un murmure. Ambroise se demande si elle a vraiment prononcé ces mots ou si son imagination lui joue des tours. Il secoue la tête pour s'éclaircir les idées. Sa visiteuse est maintenant assise en face de lui, sans que le sorcier ne l'ait vu faire un geste. ``Mon nom est Lisis, ainsi que l'a dit mon Maître, le Seigneur Délecti. Je viens à toi car Il le veut. Il t'observe depuis quelque temps. Le sorcier Augustus a trop volé, et le Seigneur des Non-Morts le condamne à la servitude absolue dans la malédiction de l'esprit. L'être ne sera plus et se perdra sans se disperser et sans retourner à sa source.'' Ambroise met un moment à comprendre que la jeune femme s'est arrêtée de parler. Elle semble attendre quelque chose. Le regard du sorcier se détache des yeux noirs et mystérieux de Lisis et s'abaisse vers la table. La messagère lui tend un petit sachet de cuir. Il contient une fine poudre grise. ``Tu vas confronter Augustus. Voici ce qui l'empêchera de changer de corps et de fuir la Sentence. Ainsi a parlé mon Maître. Je te salue, Ambroise Taxol.'' Abasourdi, le sorcier contemple un instant la petite bourse brune sans trop comprendre. ``Mais...'', commence-t-il. Il lève alors les yeux et s'aperçoit que sa visiteuse se tient debout près de la table. D'un geste nonchalant, elle remonte son capuchon. L'instant d'après, elle a rejoint la porte et le battant se referme derrière sa cape. Reprenant ses esprits, Ambroise se précipite à sa suite pour l'interroger mais il ne l'aperçoit nulle part dans la rue. Sa main serre encore la bourse de cuir. Il n'a donc pas rêvé.

Pendant que ses compagnons sont occupés en ville par leurs propres affaires, Calliope n'oublie pas qu'elle dispose d'une invitation de l'Astromance Impérial. La philosophe se rend donc au palais pour le rencontrer. Le bâtiment est imposant. Ses lignes sont sobres mais majestueuses et harmonieuses. L'édifice se dresse en haut d'un promontoire rocheux qui domine la ville. À ses pieds s'étendent les riches habitations des membres de la cour. Un immense escalier conduit aux portes du palais. Au bas des marches une importante garde lunaire filtre les entrées. Seuls les dignitaires et les personnes munies de laissez-passer sont autorisées à gravir l'escalier de pierre.

La missive d'Appius Luxius ouvre à Calliope l'accès au palais. La vieille philosophe est escortée à travers de vastes corridors jusqu'à une petite étude encombrée de parchemins et d'une impressionnante collection d'artefacts magiques. Au milieu de ce capharnaüm, la vieille esrolienne reconnaît des télescopes. Des appareils qu'elle a vus pour la première fois lors d'un voyage en Pays de Caladra et qui servent à observer au loin. Un homme assez menu, aux cheveux grisonnants et ébouriffés, est plongé dans des calculs compliqués. Il est vêtu d'une toge raffinée, bien qu'un peu fripée. Il porte sur le nez deux petits disques de verre reliés par un morceau de métal. Cet étrange instrument est d'invention lunaire et porte le nom de "lunettes" car sa forme
évoque deux lunes miniatures. L'Astromance relève la tête avec
surprise en apercevant sa visiteuse. Il se lève avec empressement et vient saluer Calliope. Appius Luxius est très heureux de la rencontrer. Il a beaucoup entendu parler d'elle par Clymnée, une ancienne élève de Calliope avec laquelle il travaille. Les deux
érudits s'engagent dans une longue discussion sur la magie qui
régit le mouvement des étoiles. Au premier abord, l'astromancien est un homme fort aimable, souvent perdu dans ses pensées. Il semble sincèrement admiratif des ouvrages de l'école de Calliope qui sont parvenus jusqu'à lui. Vers la fin d'après midi, les deux savants sont rejoints par Clymnée. Celle-ci est une grande jeune femme brune, habillée selon la mode lunaire. Elle salue respectueusement son ancienne maîtresse mais Calliope sent malgré tout une certaine réserve dans son accueil. Clymnée parle avec enthousiasme de ses travaux au service de l'Empire Rouge et l'adepte de Lynkha apprend incidemment que son élève s'est convertie au culte des Sept Mères.

Durant les jours suivants, la philosophe revient régulièrement au palais pour travailler en compagnie d'Appius Luxius. Elle ne tarde pas à comprendre que les lunaires s'intéressent de très près aux
étoiles en ce moment. Ils disposent d'un grand nombre de relevés
de position. En discutant avec l'astromancien, elle est rapidement persuadée que tous ces travaux sont liés à la grosse étoile rouge qui se déplace actuellement dans le ciel. Appius est un homme ouvert qui se méfie assez peu des questions de Calliope. Au contraire, Clymnée reste sur ses gardes. La vieille philosophe a l'impression que son ancienne élève la surveille du coin de l'oeil. Elle évite donc de montrer trop de curiosité en sa présence. Les lunaires ont apparemment développé de nouvelles techniques pour étudier le mouvement des astres. Cependant, Appius et Clymnée sont assez réticents à entrer dans des explications détaillées. Aucun parchemin dans le bureau de l'astromancien ne semble traiter du sujet qui intéresse la philosophe. Elle en déduit que les documents les plus sensibles doivent être en possession de Clymnée.

Au cours de ses visites, Calliope entend également parler d'un
étrange personnage qu'il est possible de croiser dans les couloirs
du palais. Il s'agit d'un Mystagogue de l'Ordre du Jour qui enseigne la géométrie sélénite. Il se nomme Sher'k et Clymnée parle de lui en termes élogieux. Il est toujours enveloppé dans un long manteau et dissimulé derrière un masque de bronze en forme de visage souriant. Clymnée explique que ce surprenant personnage est en fait un Broo et qu'il est obligé de se dissimuler ainsi à cause des superstitions des gens. ``Telle est sa malédiction que de provoquer la haine si on le voit à visage découvert.'' Calliope a un mouvement de recul devant cette révélation et ne sait que penser d'un Broo sage et instruit.

Comme toutes ses tentatives pour en apprendre plus sur le plan des lunaires sont restées infructueuses, Calliope décide de tenter un peu plus l'aventure. Elle demande au serviteur d'Ambroise, Golwen de Karse, de l'accompagner un matin au palais. Bien connue maintenant des gardes à l'entrée, la philosophe n'a pas de mal à le faire entrer discrètement. Tous deux se glissent jusqu'à l'aile du palais où loge Clymnée. Cette dernière est absente et sa chambre est fermée à clef. Calliope surveille les alentours pendant que les doigts agiles de Golwen crochettent la serrure. Tous deux se glissent ensuite doucement à l'intérieur de la pièce et referment la porte. La vieille esrolienne se plonge aussitôt dans les parchemins de son ancienne étudiante pendant que Golwen
écoute nerveusement les bruits du couloir.

Calliope ne tarde pas à mettre la main sur des calculs de son ancienne élève rédigés avec de mystérieux symboles lunaires. Les feuillets ne sont manifestement pas complets. Ils permettent à tout le moins à la philosophe d'étayer ses propres prédictions. Elle est rapidement capable d'affiner le point de chute de l'étoile rouge. Étrangement, plusieurs positions semblent possibles, sept en tout. Le lieu véritable ne pourra être déterminé qu'au tout dernier moment. N'osant pousser leur chance trop loin, les deux complices ressortent de la chambre et Golwen referme la serrure. Ils se séparent au bout du couloir et le voleur ressort du palais sans encombre pendant que Calliope va tranquillement à son rendez-vous avec Appius Luxius.

En début d'après midi, alors que les discussions entre les deux savants vont bon train, Clymnée entre dans le bureau de l'Astromance, accompagnée de quelques gardes. La jeune femme annonce à Calliope qu'elle n'est pas autorisée à quitter le palais et qu'elle est priée de les suivre. La philosophe craint un instant que son incursion dans la chambre de Clymnée ait été découverte et soit la raison de cette arrestation. Son ancienne
élève n'y fait cependant pas allusion. Calliope finit par conclure
que c'est simplement l'intérêt qu'elle a montré pour l'astromancie qui a provoqué cette rétorsion. Sans être véritablement arrêtée, la philosophe est conduite dans une des chambres du palais et la porte est fermée à clef derrière elle. La pièce est dans les
étages supérieurs et la fenêtre donne sur l'à-pic. Apparemment ses
geôliers ne se méfient pas vraiment de leur prisonnière car elle n'a pas été fouillée. Les parchemins contenant ses quelques notes griffonnées d'après les papiers de Clymnée sont toujours en sa possession. La mesure prise par les lunaires semble plus préventive qu'autre chose et Calliope entend bien en profiter.

La nuit tombe sur les rues de Boldhome lorsque les autres héros commencent à s'inquiéter de l'absence de la philosophe. Ils finissent par conclure qu'elle a eu des ennuis et décident de partir à son secours. Hybban, Gragak et Énéric mettent au point un plan d'action. Les Uz connaissent des passages dans la montagne qui conduisent vers l'arrière du palais. La garde est moins nombreuse de ce côté et une petite expédition efficace et rapide a des chances de réussir à pénétrer dans le palais. Gragak réunit quelques amis pour qu'ils leur donnent un coup de main. Il a un peu de mal à les convaincre car cette nuit a lieu le grand concert de Borgunt, adepte d'Hombobobom, en grande tournée dans la Passe. L'avantage est que l'attention des lunaires sera plutôt tournée vers cette grande manifestation. Les Uz excités peuvent en effet devenir violents et dangereux.

Lorsque les ténèbres ont recouvert les montagnes, la petite troupe des sauveteurs se glisse donc dans les tunnels et sur les sentiers de montagne pour rejoindre l'arrière du palais. Les quelques gardes placés pour surveiller les environs sont éliminés sans qu'ils aient pu donner l'alarme. Le groupe débouche au milieu des cuisines du palais, effrayant les cuisiniers et marmitons qui s'enfuient sans demander leur reste. Comprenant que l'alerte sera rapidement donnée, les Uz foncent dans les couloirs, ne ralentissant que pour attraper quelques jambons au passage.

Pendant ce temps, depuis sa fenêtre, Calliope entend les échos du concert de Borgunt. Les vibrations de la musique uz ébranlent le palais. En se penchant par sa fenêtre, elle peut apercevoir la masse sombre du quartier uz où le public s'est rassemblé. Profitant d'un instant plus calme entre deux morceaux, Calliope lance un appel dans l'air pur de la nuit. Elle s'exprime en langue sombre et utilise les appels de détresse que les femelles uz lui ont enseignés. Espérant que Graak le trollinien l'entende, elle lui crie de voler jusqu'à elle avec son fidèle scarabée. Les appels de Calliope résonnent dans la vallée. Les Uz déchaînés et surexcités par le concert décident d'un commun accord de se lancer vers le palais pour libérer celle des leurs qui y est prisonnière. Graak enfourche son scarabée et part lui aussi au secours de la vieille amie-des-uz.

Dans les couloirs du palais, la troupe menée par Gragak, Hybban et Énéric avance sans rencontrer beaucoup de résistance. La plupart des gens sont couchés et les gardes ont été désignés pour la surveillance du quartier uz. Guidé par son formidable odorat, Gragak conduit ses compagnons jusqu'à la chambre de Calliope. Le battant fermé ne leur résiste pas longtemps et cède sous leurs coups. Ils se ruent dans la pièce juste au moment où son occupante s'apprête à enjamber l'appui de la fenêtre pour monter sur le scarabée de Graak. Après une rapide concertation, Hybban, Énéric et le groupe des Uz repartent en dévalant les escaliers, tandis que Calliope s'enfuit dans le ciel avec Graak. Dans les rues de la ville, les Uz sèment la dévastation sur leur passage, brisant tout ce qui se dresse sur leur route. Un important détachement de gardes se dirige vers eux et les premiers affrontements ont déjà commencé. Calliope survole les lieux en poussant le cri de la victoire et de la libération, afin d'apaiser la colère des Uz et d'empêcher un massacre. Elle repart ensuite en direction des montagnes vers le point de rendez-vous convenu avec les autres. Pendant ce temps, le commando qui a investi le palais revient sur ses pas jusqu'à la sortie, sans véritable incident.

Il est clair que Calliope ne peut plus mettre les pieds en ville après ces événements. Elle s'installe donc dans les montagnes, à une journée de marche, en compagnie d'Hybban et de Gragak. Énéric retourne en ville pour prévenir les autres héros et rassembler les affaires de tout le monde. L'ensemble de la troupe était d'accord pour quitter Boldhome en direction du nord. Les récents événements ne vont faire que précipiter le départ. Les fugitifs n'auront sans doute que quelques jours à attendre avant d'être rejoints par leurs compagnons.

Durant les quelques jours passés dans les montagnes, Calliope et Hybban remarquent des allées et venues inhabituelles. Il s'aperçoivent que de la fumée et des grondements proviennent du fond d'une vallée voisine. Le sol tremble par moments. Des nuages noirs passent rapidement dans le ciel. Ils essaient d'aller observer ces manifestations étranges de plus près mais l'endroit est patrouillé par les lunaires. Ils ne peuvent s'approcher. Observant depuis leur cachette, ils aperçoivent une ouverture sur les flancs d'un grand volcan. De nombreux soldats sont stationnés devant. Ils voient même une fois un adepte de Yelm, tout d'or vêtu, s'approcher de la bouche du volcan. Livrés à eux-même, les deux héros ne savent que penser de ce mystère. Ambroise pourrait leur en apprendre plus, s'il n'était tenu par son serment.

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