[Campagne]Ch.20: Arrivée à Bout du Monde

Auteur: eliane_jaulmes <jaulmes_at_...>
Date: Wed, 19 Nov 2003 18:21:29 -0000

Rappel :
Présentation de la campagne :
http://fr.groups.yahoo.com/group/Glorantha_VF/message/8329 Chapitre précédent :
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En poursuivant leur route vers le nord, les héros arrivent bientôt aux frontières de l'Empire Lunaire. Ils franchissent la ligne brillante et se retrouvent dans les terres dominées par l'éclat maléfique de la Lune Rouge. Tout le monde crache par terre et invoque les dieux pour qu'ils les préservent du mal qui rôde en ces terres.

En arrivant au poste de garde qui marque la frontière de Tarsh, ils apprennent que les déesses de l'Empire ont décrété la Saison du Sang. Pour passer, tout voyageur doit offrir en sacrifice quelques gouttes vermeilles. Avec des grincements de dents réticents, les héros s'acquittent de cette obligation. Il s'agit en effet de ne pas se faire remarquer. Heureusement, les caravanes sont nombreuses à faire le trajet et leur petite troupe ne retient guère l'attention des gardes.

Quelques jours plus tard, alors que les héros se sont installés un peu à l'écart de la route pour passer la nuit, un étrange appareil mécanique de la taille d'un corbeau descend du ciel en vrombissant doucement. Il ressemble à un petit tube de bronze muni de deux ailes qui battent l'air furieusement. L'étrange objet se pose sur le sol, non loin d'eux. Les battements d'ailes persistent un instant et le font sautiller dans l'herbe avant de s'arrêter. Calliope ramasse le cylindre mystérieux. Ce dernier est creux et contient un parchemin. En posant les yeux sur les étranges lettres codées, la philosophe n'a aucun mal à reconnaître l'écriture de Léonardo. Le message apporte des nouvelles de la situation au tula des Karethis. Le sorcier a terminé de construire ses machines de guerre. Les terres du clan sont maintenant défendues par de nombreuses balistes, mangonneaux, trébuchets, catapultes et autres crache-huiles. Deux pédalocoptères supplémentaires ont également rejoint Léonardo. Des hommes du Sud sont arrivés en nombre dans les clans de la région et il y a déjà eu plusieurs escarmouches avec des troupes lunaires. Ces nouvelles confortent quelque peu Aldharyk, rassuré de voir que le Pays d'Héort se prépare à recevoir l'armée lunaire. Le message du sorcier ne s'arrête pas là. Il raconte qu'il a observé attentivement le ciel ces derniers temps et que plusieurs étoiles bougent. En fait, l'ensemble de la voûte céleste semble complètement bouleversé. En pointant ses cristaux d'observation vers la grosse étoile rouge qui chute vers Glorantha, le sorcier s'est aperçu qu'elle avait la forme d'une petite sphère, et il a distinctement vu un étrange navire aux voiles diaphanes qui lui tournait autour.

Au bout de nombreux jours de voyage, les héros arrivent enfin en vue de la grande ville de Bout du Monde, au détour d'une colline. La métropole qui s'étend à leurs pieds dans la plaine est la capitale de Tarsh l'Impériale. Elle est nichée au creux d'un méandre du grand fleuve Oslir, qui baigne le sud de la ville. De hauts remparts d'un blanc étincelant sous le soleil défendent la cité qui se serre à l'intérieur des murs. Les épaisses murailles dessinent un gigantesque carré, percé de quatre grandes portes. Des feux de camp s'élèvent dans les champs environnants, encore cultivés tant bien que mal. Des esclaves courbés dans la chaleur de l'après-midi tentent de sauver une récolte bien mise à mal par de trop nombreuses bottes. En effet, plusieurs armées sont massées près de la ville, prêtes à marcher à travers Sartar si l'ordre en est donné.

En posant les yeux sur la cité, Leena Seela, l'adoratrice de Kev, est soudain prise d'une crise prophétique. Elle est secouée de tremblements, ses yeux se révulsent, et sa voix prend des accents saccadés. Aldharyk se précipite vers elle et la soutient alors qu'elle s'écrie ``Ils veulent enchaîner le Maître des Vents, l'immobiliser comme ils l'ont fait pour son père ! Mais ils ne voient pas leur faiblesse interne. La folie est une arme, mais qui peut se retourner contre ceux qui l'utilisent. Ernalda me dit `il y a toujours une autre voie'. Utilisez les propres armes de l'ennemi contre lui, là est sa faiblesse. Mais, attention à ne pas devenir l'ennemi à votre tour.'' Les héros restent un instant pétrifiés en entendant ces mots. Jusqu'où les lunaires oseront-ils aller dans leur perfidie ? Et comment interpréter ces paroles énigmatiques sur l'utilisation des armes de l'ennemi ?

Personne autour d'eux ne semble avoir prêté attention à l'étrange crise de la jeune femme. Les voyageurs pressés les dépassent sans leur adresser un seul regard. Les compagnons reprennent leur route et empruntent l'une des grandes voies pavées qui mène en ligne droite vers Bout du Monde. Alors qu'ils descendent vers la ville, Ambroise reconnaît l'une des unités stationnées dans la plaine : il s'agit de l'Armée du Lendemain, qui a dû quitter Alda Chur depuis peu. Les mercenaires attendent manifestement des ordres.

En approchant de la cité, les héros remarquent un petit camp insolite, en marge des armées lunaires. Il y a une dizaine de guerriers à cheval qui ont dressé des tentes de peau et qui regardent passer les voyageurs avec un air mauvais. Avec un certain étonnement, Calliope reconnaît son neveu parmi eux. Énéric a lui aussi aperçu ses compagnons. Il s'avance vers eux et les salue. Il présente les farouches cavaliers qui l'accompagnent. Pentiens et Orlanthis se jaugent du regard avec une méfiance non dissimulée. Les héros ne s'attardent guère. Ils ont tous de nombreuses aventures à se raconter mais le lieu est mal choisi pour cela. Énéric les retrouvera plus discrètement en ville, dans la soirée.

À une centaine de mètres des remparts, une palissade bien défendue entoure quelques bâtiments isolés. Dans l'enceinte, trois navires aux voiles d'argent flottent doucement en l'air. Ce sont des Bateau-Lunes, les navires de l'Empire, capables de naviguer dans les airs grâce au pouvoir de la Lune Rouge. Quatre tours de bois défendent l'accès du lunoport. Ces navires sont un des secrets de l'Empire et ils sont extrêmement bien gardés.

La route aboutit à une immense arche de pierre gravée de scènes décrivant les victoires des Rois de Tarsh et célébrant la puissance du royaume. Ce portail majestueux est appelé la Porte du Barbare, car la route qui le traverse mène au-delà des terres civilisées de l'Empire. Une foule importante se presse aux entrées de la ville. Au-delà des grands vanteaux, les rues sont encombrées de chariots, d'attelages, de passants pressés et de badauds. Les héros sont impressionnés par ces larges rues droites toutes pavées de belles pierres régulières qui quadrillent la ville selon un plan fort géométrique. Elles sont bordées de maisons, temples et palais luxueux aux murs de marbre blanc. La richesse qui est exposée ici dépasse tout ce qu'ils ont pu voir --- à l'exception bien sûr de la Cité des Merveilles, joyau de la Baie des Miroirs. Il leur est difficile de croire qu'ils ne sont que dans un royaume des frontières lointaines de l'Empire !

Refusant de se laisser décontenancer, Ambroise prend ses quartiers à la maison de son ordre. Calliope, Fédarkos et Hybban louent des chambres dans une petite auberge modeste du quartier marchand. Aldharyk a une fois de plus endossé la couverture d'Aldus Lucius et loue une suite luxueuse dans l'un des meilleurs
établissements de la ville. Les auberges sont toutes pleines à
craquer, à cause de l'afflux récent de fidèles et de pèlerins. En effet, une grande cérémonie à Yara Aranis, la dévoreuse de chevaux, gardienne des frontières de l'Empire, est prévue pour bientôt. Elle aura lieu au 28ème jour de la Saison du Feu : le Jour Divin de la Semaine de la Fertilité. Les préparatifs pour l'événement battent leur plein et les habitants n'ont que ce sujet de conversation à la bouche. Cela promet d'être un grand jour pour tout le monde.[1]

Hybban sort se promener dans les rues et entend soudain des cris d'animaux, des barrissements et des rugissements qui viennent d'une des grandes avenues. Il se précipite vers la source des bruits et voit passer un convoi de bêtes sauvages. Les animaux sont enfermés dans de grandes cages de bronze, tirées par des mules. La foule s'est massée sur les bords de la rue. Les badauds commentent ce défilé impromptu avec une certaine excitation. Les enfants grimpent sur les épaules de leurs parents ou s'accrochent aux balcons pour admirer les terribles bêtes. Ils se montrent les animaux du doigt en poussant des exclamations ravies. Des gardes lunaires écartent violemment la foule, mais Hybban réussit à s'approcher suffisamment pour avoir une meilleure vue. Le chasseur voit passer des lions de Prax, des loups et des ours, et même une manticore. La cage du monstre à queue de scorpion luit d'une magie de mauvais augure. Les pauvres bêtes hurlent, ruent et bavent, affolées par toute cette foule qui les entoure. Désespéré devant leurs souffrances, Hybban manque de peu de se ruer à l'assaut pour honorer son dieu et sauver les bêtes sauvages ainsi maltraitées. Il réussit à se calmer et, en interrogeant les gens qui l'entourent, apprend que ces animaux sont destinés aux jeux du cirque qui auront lieu dans deux jours, lors des grandes festivités. L'Odaylan se jure secrètement d'essayer de tout faire pour libérer ces pauvres animaux.

Pendant ce temps, Énéric cherche à se rendre chez Ambroise, à la maison de l'ordre de Saint Bernard. Il souhaite parler avec Gisellia Em Eel, dont le nom a attiré son attention. En approchant des grandes portes de Bout du Monde, il repère des hommes, appuyés contre les murs dans l'ombre des vantaux majestueux, dont les visages lui rappellent bien des souvenirs. Ce sont des agents de Jar Eel, il en mettrait sa main à couper ! Ils semblent observer les passants et badauds, les dévisageant d'un air suspicieux. Énéric se penche discrètement et attrape une poignée de terre et de poussière. Il s'en macule le visage et prend l'air farouche d'un cavalier barbare et puant revenant d'une longue chevauchée. Il ne pense pas véritablement risquer d'être reconnu car il a quitté Jar Eel depuis des années. Mais il préfère être prudent. Que ce soit grâce au temps écoulé ou grâce à sa ruse, Énéric pénètre dans Bout du Monde sans être inquiété. Il se fait indiquer la maison de l'ordre de Saint Bernard et la rejoint sans encombre. Ambroise ne peut le recevoir tout de suite, mais Énéric réussit à voir Gisellia. La jeune femme n'a rien à cacher au farouche cavalier et ce dernier apprend bientôt les dernières rumeurs de Glamour... vieilles d'un an. Énéric essaye aussi d'en apprendre plus sur Jar Eel, mais Gisellia fait preuve d'une grande ignorance à son sujet, à l'exception des faits connus de tous. Elle n'a jamais fréquenté les hautes sphères de l'Empire, malgré ses origines. Déçu, le cavalier repart en maugréant. En ressortant de la maison de Saint Bernard, ses sens aiguisés lui permettent de repérer un mendiant qui lui emboîte le pas. Le gaillard le suit quelque temps, jusqu'à la sortie de la ville où il disparaît dans une ruelle. Énéric se promet d'avertir Ambroise à leur prochaine rencontre.

Le sorcier est quand à lui en grande discussion avec deux nouveaux arrivés. Il s'agit de l'inquisiteur Foichard et du chirurgien Dormoud, tous deux fraîchement institués. Ils viennent de Nochet pour remplacer les gens de l'Ordre de la Croix Écarlate en poste à Bout du Monde. Ils en profitent pour échanger tous les trois les dernières nouvelles de l'ordre. Ambroise leur apprend qu'il est en train de remonter la piste du livre de Saint Bernard, dérobé par des hérétiques peu avant le Temps Sacré. Il les met au courant des actions d'Augustus et de la mort de ce dernier. Impressionnés par ses actions et par sa tenue de Noire Croisade, Foichard et Dormoud assurent Ambroise qu'il peut compter sur eux en cas de problème.

Pendant ce temps, Calliope souhaite rencontrer le dénommé Selmius, professeur à l'académie de Bout du Monde, dont Sher'k lui a parlé. Fédarkos est également intéressé par cette histoire de Lune Blanche. Il accompagne donc la vieille philosophe en ville. L'université est un grand bâtiment blanc, construit dans le style architectural grandiose de Bout du Monde. Elle cherche à imiter la Grande Université de Glamour avec des moyens plus réduits. La population de l'endroit est fort jeune et les prêtres d'Irripi Ontor, dieu lunaire de la connaissance, sont présents partout. Fédarkos marmonne dans sa barbe devant ces adorateurs d'un faux dieu ayant trahi Lhankor Mhy, mais Calliope réussit à le convaincre de ne pas se lancer maintenant dans un grand débat théologique. Les deux sages s'enfoncent dans les couloirs populeux de l'université et finissent par trouver la salle où officiait Selmius. Ils apprennent rapidement que ce dernier a été rejeté de l'université il y a deux mois, pour comportement indécent. D'après ses anciens collègues, il traîne maintenant dans les bas-fonds de Bout du Monde.

Retroussant leurs manches et faisant appel à la magie de déduction de leurs dieux, Calliope et Fédarkos remontent alors petit à petit la piste de l'ancien enseignant. Ce n'est pas bien difficile, car il semble assez connu. Ceux qui l'ont fréquenté le décrivent comme un fou illuminé, un peu trop porté sur la boisson et le sexe. C'est dans un
établissement douteux appelé `la maison aux volets roses' qu'ils
finissent par retrouver Selmius, vautré sur un sofa en train de dormir, une amphore encore coincée entre ses jambes dodues. Le réveil est difficile pour le pauvre homme. Fédarkos applique des méthodes plutôt abruptes pour le dessoûler. Les deux héros traînent alors derrière eux un Selmius encore dégoulinant d'eau glacée, pour aller louer un temps une petite alcôve privée dans une auberge anonyme de la cité. Ils s'assoient de part et d'autre de leur victime et la bombardent de questions sans lui offrir le moindre verre d'alcool. Ce dernier se plie tout d'abord en maugréant aux demandes de ces
étrangers, puis finit peu à peu par gagner en verve et en excitation
au fur et à mesure qu'il retrace la rencontre avec la Lune qui a changé sa vie.

Il raconte avoir été touché par la Lune Blanche, un soir de terrible orgie, alors qu'il avait goûté pour la première fois (et sûrement pour la dernière, à sa grande tristesse) au Vin de Lune, un breuvage argenté tiré de vignes qui ne poussent que sur le corps de la déesse. Il a alors eu la révélation que la destinée du Peuple de la Lune ne pouvait être de conquérir le monde par la force des armes. La Lune Blanche, car c'était elle, lui a expliqué qu'il fallait au contraire lutter de l'intérieur contre l'oppression politique et la volonté impérialiste de la Lune Rouge. Du jour au lendemain, le petit enseignant timide était devenu un prophète sûr de lui, au charisme attirant les foules --- du moins selon sa version des faits. Sans que Selmius ne s'en rende compte, Calliope et Fédarkos échangent des regards inquiets. Pourquoi les a-t-on guidé vers cet illuminé ?

Débordant de prosélytisme et convaincu que sa cause attire toute personne qui en entend parler, Selmius propose aux deux héros de participer à une réunion qui aura lieu entre sympathisants de la Lune Blanche, dans deux jours. Les deux sages grimacent : c'est aussi la date de la grande cérémonie à Yara Aranis et partout dans la ville les gardes seront sur le qui-vive. Ils prennent toutefois bonne note du lieu de rendez-vous et assurent Selmius de leur présence le jour venu.

Ressortant à l'air libre, les deux compagnons croisent bientôt Hybban, puis Aldharyk, toujours sous son apparence d'Aldus Lucius. Les héros
échangent les dernières nouvelles. Ils sont en grande conversation
lorsque, par une étrange répétition des événements, Hybban aperçoit des gardes qui dispersent la foule pour faire avancer des chariots ; et sur ces chariots se trouvent encore une fois des cages. Cependant cette fois, il n'est pas question de bêtes sauvages. À leur grande horreur, les héros se rendent compte qu'il s'agit de prisonniers humains. ``Des prisonniers à destination du cirque !'', murmurent plusieurs personnes dans la foule avec un frémissement d'excitation. La gorge étreinte d'un étrange pressentiment, les quatre héros se dirigent vers la parade pour apercevoir les malheureux.

Des hommes et des femmes décharnés, vêtus de haillons, sont entassés dans des cages insalubres. Ils regardent la foule d'un air hébété, trop affaiblis pour protester encore. Certains sont effondrés sur le plancher des cages, épuisés, affamés ou évanouis. Ces prisonniers hagards sont manifestement des Orlanthis. Quelques uns ont des tatouages de rune des tempêtes ; les femmes invoquent à voix haute la miséricorde d'Ernalda ou de la Dame Blanche. Au milieu de ces pauvres gens, Calliope reconnaît avec horreur et stupéfaction deux visages familiers. Sa fille, Lyndia, assise contre les barreaux repose sa tête sur l'épaule de son mari, Jorgen. Comment l'une des championnes du dernier Tournoi des Maîtres de la Chance et de la Mort a-t-elle pu se retrouver aux mains d'esclavagistes à Bout du Monde ? La vieille philosophe sent son coeur se serrer. Vers quel terrible destin ces gardes conduisent-ils les prisonniers ? Désespoir, inquiétude et fureur se mêlent dans son coeur de mère. Comme insensible à sa détresse, la foule profite de ce nouveau spectacle : elle siffle et hurle des imprécations contre les esclaves impuissants.

Les héros n'ont guère le temps de se remettre de leur choc. Une puissante voix de femme s'élève au-dessus des cris des passants. L'une des prisonnières s'est redressée dans sa cage et lève un poing vers le ciel. C'est une vieille femme aux cheveux blancs qui semble à peine tenir sur ses jambes. Pourtant, une étrange énergie émane de son corps frêle. Elle ouvre d'un coup la main en écartant les doigts et sa voix se fait plus profonde, impérieuse, portée par une magie familière. Aldharyk, Calliope et Fédarkos reconnaissent immédiatement le signe pharaonique et les inflexions de la Voix du Roi-Dieu. Cette vieille femme est une initié du culte ! Elle interpèle les passants et appelle à son aide tous les membres du Pays Saint.

Portés par la voix du Souverain Éternel, Hybban, Fédarkos et Aldharyk bondissent en avant, tentant de se frayer un chemin dans la foule. Seule Calliope parvient à raisonner l'impulsion terrible qui la pousse à se jeter sus aux gardes. Gardant la tête froide, elle sait que toute action immédiate de leur petit groupe ne résulterait qu'en leur mort ou leur emprisonnement. Elle saisit le bras de Fédarkos et tente de le retenir. Pendant ce temps, Asvora a ceinturé Aldharyk et le gifle pour qu'il reprenne ses esprits. Seul Hybban parvient à
écarter la foule avec la monumentale force de l'ours. Heureusement,
ses rugissements se perdent dans les hurlements surexcités des badauds.
Entre temps, les lunaires se sont précipités vers la vieille femme et la rouent de coups au travers des barreaux. Submergée par le nombre, elle s'effondre inconsciente et la magie s'arrête brutalement.

Hybban n'est qu'à quelques mètres de la cage et se rend alors compte des nombreux gardes qui entourent les prisonniers et de l'impuissance dans laquelle il se trouve. Les Kethaéliens reprennent peu à peu leurs esprits tandis que le convoi s'éloigne au loin, vers les prisons du cirque. Il disparaît bientôt, happé par la foule. Les gardes n'ont heureusement pas remarqué l'agitation provoquée par l'appel de la vieille femme. Cependant, les héros sentent une nouvelle résolution naître dans leur coeur. Il faut à tout prix libérer les prisonniers avant qu'ils ne soient massacrés dans le cirque pour l'amusement dépravé des habitants de Bout du Monde.

[1] NdA : Et d'ailleurs, tous s'en souviendront sûrement pendant de longues années !

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